Edito

Mahamat Kaka à la croisée des chemins

Mahamat Kaka à la croisée des chemins 1

Enoch Djondang, un des meilleurs connaisseurs du paysage politique a, dans une brillante analyse dressé une sorte de photographie du Tchad en cette fin juin. Un pays qui n’a connu que des alternances sanglantes à la tête de l’Etat (exception faite de Tombalbaye qui est arrivé au pouvoir sans les armes) et qui semble condamné à demeurer dans la logique de la violence politique.

La fin prochaine du pré dialogue de Doha et la tenue du dialogue national inclusif dépendront de la disposition d’esprit du Pcmt, Mahamat Idriss Déby Itno. « Dans le contexte du Pcmt, il n’y a pas beaucoup d’options. Si le Pcmt voudrait faire aboutir le projet funeste du parti et du Clan, de faire de lui le garant de la conservation du pouvoir au-delà de la transition, il devra « neutraliser » ceux qui nourrissent la même ambition que lui dans le cercle dudit pouvoir. Si, au contraire et voulant entrer en héros dans l’histoire, le PCMT voudrait fermement faire aboutir la transition dans les normes, il devra aussi mater les opposants plus nombreux encore à ce projet dans son propre camp. À moins d’un événement imprévisible, ce sont là les deux options les plus probables pour la transition actuelle, avec leurs coups en vies humaines et autres dégâts collatéraux. La tenue du Dnis n’y fera rien dans la structuration actuelle du pouvoir et les contingences observées » écrit l’ancien ministre.

C’est donc à Mahamat kaka qui laisse entrevoir de plus en plus qu’il veut rester au nom d’une certaine stabilité de prendre la mesure du rendez-vous qu’il a avec l’histoire. Pour ce, il doit faire plus, en changeant déjà son modèle de gouvernance au quotidien. Les nominations qu’il opère, la gestion quotidienne de l’État depuis bientôt quinze mois prouvent hélas que nous sommes toujours dans le système Déby sans Idriss.

Le Pcmt qui vient de montrer qu’il peut s’affranchir du clan, en se séparant de son tout puissant secrétaire particulier, doit entendre les voix, de plus en plus nombreuses, à l’intérieur comme chez les partenaires, qu’il peut faire œuvre utile en facilitant pour la deuxième fois, une accession démocratique à la tête du Tchad. Il n’en sortira que grandit et pourra, s’il le souhaite faire partie de la génération qui bâtira le Tchad nouveau qui voit au-delà du tout sécuritaire. Ce sont la misère, les injustices et l’absence d’alternance qui font le lit aux crises et partant au terrorisme. Le tout sécuritaire est donc un viatique périssable. Il ne faut pas se leurrer.

La Rédaction