Edito

Edito N° 042

Edito N° 042 1

De l’apatridie et la culture de la haine

Jeudi 2 février, au cours d’une conférence de presse, sans doute inspirée par l’euphorie de la victoire du candidat du Tchad à la présidence de la commission de l’Union Africaine, Moussa Faki Mahamat, le chef de l’Etat a entretenu, une partie de la presse sur plusieurs sujets.

Au-delà de la présidence en exercice de l’Union Africaine qu’il a assumé pendant un an et de l’élection du diplomate tchadien, deux déclarations du chef de l’Etat sur l’état de la nation ont attiré notre attention.

En répondant à une question, Idriss Déby Itno a dit ceci : «La campagne pour la présidentielle de 2016 a montré une nette division du pays. La haine qu’on cultive dans les journaux et les radios. Ce que les tchadiens se disent entre eux sur facebook n’est pas rassurant ».

Plus loin, il ajoute : «J’ai lu sur les réseaux sociaux certains compatriotes appeler les chefs d’Etats Africains à ne pas voter Moussa Faki Mahamat. Et ce sont des Tchadiens. C’est des apatrides ces gens-là. Il n’y a rien à voir entre la personne d’Idriss Déby et la candidature d’un cadre tchadien dans une institution Africaine. Au lieu d’être fiers, ces mercenaires à la solde de je ne sais quel officine ont véhiculé un discours qui n’a pas été suivi par les chefs d’Etats qui ont choisi le meilleur candidat ».

Le Pays pense qu’au lieu de constater pour s’en offusquer, le chef de l’Etat devrait aller plus loin et se demander le pourquoi de cette          situation. Il y’a un problème politique. La culture de la haine qui a conduit à la destruction du pays depuis des décennies comme        l’admet le chef de l’Etat est encore là, tenace. Elle trouve dans les   réseaux sociaux un espace d’expression quelque fois dans des formes les plus abjects et votre hebdomadaire, partisan d’un Tchad uni, ne peut que le condamner.

Mais seulement d’où viennent ces sentiments de détestation et du manque de ferveur nationaliste qualifié, à notre avis, exagérément d’apatridie? Pourquoi le moindre débat sur un sujet d’intérêt national n’échappe guère aux effluves nauséabonds d’une opposition        chrétien-musulman ou nordiste sudiste? Le problème est là, diffus parce qu’enveloppé dans le manteau de nos hypocrisies et des faux semblants qui nous donnent l’air d’un pays uni alors que souvent, on évoque les compatriotes de la région voisine dès qu’ils ont tourné le dos en terme de «ces gens-là »…   

Ce qui a divisé le Tchad et les tchadiens a un nom : C’est l’injustice sociale. Le Tchad est un patrimoine commun. Lorsque pour des raisons politiques l’on écarte le meilleur au profit du parent ou du militant; lorsque, au nom de la politique, le pauvre, la veuve et l’orphelin ne peuvent aspirer à la justice; lorsque le jeune ne peut avoir confiance en son pays pour se réaliser, la tentation est là. Celle de ne pas se sentir concerné par les affaires de sa terre natale. Ce n’est pas de l’apatridie, moins encore du mercenariat. C’est l’attitude d’un enfant qui demande à être considéré comme membre à part entière de la famille tchadienne.

La nation se construit, le ciment est l’égalité de tous devant la loi et les opportunités qu’offre la terre des ancêtres. C’est sans doute ce qui a manqué depuis que les Tchadiens ont commencé à s’entretuer et cela date de 1963. Différentes révolutions armées ont prétendu le combattre mais le constat est là: échec sur toute la ligne. C’est  ce qu’il faut œuvrer à corriger. Il n’est pas tard.                                                                                

La Rédaction