Lors d’un entretien accordé à votre hebdomadaire, le secrétaire général national de la convention pour la démocratie et le fédéralisme Noubatessem Jonathan a pointé du doigt les conflits causant de pertes humaines enregistrés au cours de la transition, les tueries dans le Logone Oriental et sa position en tant que fédéraliste.
« J’ai une impression de tristesse, face à tous ces conflits qui ont commencé dès le début de la transition par les manifestations du 27 avril et qui se poursuivent, causant deuils et désolations au sein des familles tchadiennes, m’attriste », fait savoir à l’entame de l’entretien, le secrétaire général national de la convention pour la démocratie et le fédéralisme Noubatessem Jonathan.
Pour lui, ces conflits sont d’autant plus incompréhensibles que le régime de transition avait justifié sa prise de pouvoir par la nécessité d’assurer la sécurité aux Tchadiens.
Selon Noubatessem Jonathan, ces conflits meurtriers s’expliquent par le fait que le régime de transition, au lieu de procéder à une rupture politique sincère, « s’est inscrit dans la continuité du régime Mps qui a endeuillé et appauvri le Tchad une trentaine d’années durant » .
Une transition ayant reconduit à peu près les mêmes institutions, les mêmes méthodes et les mêmes hommes, du régime Mps. Il n’est pas étonnant que l’on assiste, poursuit le fédéraliste, aux mêmes exactions, en pire. «Je note même que le régime est en train de préparer le terrain aux futurs conflits en torpillant le référendum à venir sur la forme de l’Etat, ce qui pourrait ouvrir la voie à des frustrations qui pourraient résulter en contestations », souligne t-il.
Sur le registre des massacres à répétition au Tchad pendant la transition, pour le secrétaire général national de la convention pour la démocratie et le fédéralisme, les tueries dans le Logone Oriental se démarquent par un caractère quelque peu mystérieux.
D’après lui, tout ceci coïncide curieusement avec le déploiement de forces françaises dans la zone et tant que le régime ne donne pas des éclaircissements sur les raisons de la présence de l’armée française dans la zone, il est normal que l’opinion s’adonne à juste titre à des supputations en tous genres. « Le gouvernement doit communiquer sur les tenants et les aboutissants de la présence de l’armée française au sud du pays et faire la lumière sur les tueries qui vont en s’amplifiant et en s’étendant », précise-t-il.
Pour Noubatessem Jonathan, il faudra d’abord que les Tchadiens évitent un piège, celui de la division. « Tout le monde doit comprendre que ces tueries ne sont pas un conflit opposant musulmans et chrétiens, ni nordistes aux sudistes, sans quoi nous risquons de sombrer dans une spirale de violences difficiles à maîtriser », exhorte t-il, tout en lançant, un appel à l’unité nationale face à ces exactions causées par des malfrats, encouragés par l’impunité ambiante et entretenue par le régime.
Noubatessem Jonathan de poursuivre que l’armée a une grande part de responsabilité dans les exactions commises contre les civils sur toute l’étendue du territoire. Cela est dû au fait que nous avons à faire à une armée clanique .« Nous prônons une armée républicaine et de métier, où les différents Etats fédérés seront représentés au prorata de l’effectif de leurs populations »,lance- t-il.
La deuxième solution radicale pour lui est la fédération. « C’est la seule solution qui permettra de garder un Tchad uni et prospère, où chaque Tchadien sera respectueux des us et coutumes de son lieu de résidence », assure t-il.
En attendant ces solutions à venir, le secrétaire général national de la convention pour la démocratie et le fédéralisme en appelle à la vigilance des populations ciblées. « Les populations doivent rompre avec les habitudes telles que l’alcoolisme et s’entraîner à l’autodéfense », conclut-il.
Lobey Bab Sidick
