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Transition au Tchad : les évêques s’inquiètent

Transition au Tchad : les évêques s'inquiètent 1

Réunis en session ordinaire du 28 au 30 juin dernier, les Évêques du Tchad ont égrené un chapelet de difficultés et obstacles qui, selon eux, risquent de compromettre la réalisation effective de la transition au Tchad. C’est le Secrétaire Général de la Conférence du Tchad (Cet) Abbé Xavier Kouldjim Omer qui fait l’annonce lors d’un point de presse au siège de la Cet.

De l’organisation du dialogue national inclusif de réconciliation, à l’accompagnement du processus de transition par les partenaires en passant par la révision de la charte de transition, les évêques ont pointé du doigt des difficultés et obstacles qui risquent de compromettre la réalisation effective de la transition.
Ils constatent du retard dans la mise en forme du dialogue national inclusif de réconciliation qui, d’après eux, devrait permettre de réunir tous les acteurs socio-politiques en vue de mettre en place un conseil national de transition, chargé de procéder à des réformes institutionnelles nécessaires pour l’élaboration d’un projet de constitution plus consensuelle. « Le manque de dialogue réel et sincère entre les acteurs socio-politiques a longtemps plombé la vie nationale et se retrouve au cœur des débats de l’heure. En effet, le premier forum qui a donné naissance à la 4ème République en 2018 et l’autre forum en 2020 qui est un remake (reprise) du précédent ont ébranlé le tissu social et le vivre ensemble des tchadiens », déplore Abbé Xavier Kouldjim Omer, Secrétaire Général et porte-parole de la Conférence Épiscopale.
Pour les évêques, le dialogue national inclusif et de réconciliation devient une impérieuse nécessité afin « de permettre à tous les enfants du Tchad de se retrouver et de se concerter sur un nouveau contrat social qui doit les lier pour les prochaines décennies ».
L’Église catholique appelle à tirer les leçons des échecs des fora de 2018 et 2020 et exprime sa vive préoccupation devant la mise en place du comité chargé de désigner les membres du futur Cnt. « Ce conseil ne semble pas représentatif de toutes les sensibilités du peuple tchadien. La mise en place du conseil national de transition ne peut se faire qu’après un dialogue national, sincère et inclusif », note le Sg de la Cet qui précise que la mise en place de ce comité est inopportune à cette phase et ne fait qu’augmenter les suspicions.

« L’urgence de l’heure est de laisser les mains libres au ministère chargé du dialogue de la réconciliation et de lui donner tous les moyens pour organiser ce dialogue national, inclusif et de réconciliation en vue de la mise sur pied d’un Cnt conséquent et consensuel », ajoute-t-il.
L’Église exprime sa vive inquiétude sur la charte de transition et regrette que des prises de positions de soutien au Cmt par certains partis politiques ou associations comme si, martèle Abbé Xavier Kouldjim Omer « le Cmt et le gouvernement actuel étaient appelés à durer au-delà des délais déclarés ». Il estime que la révision de la charte par le Cnt sera un gage de la bonne volonté du Cmt et une réponse positive à l’espérance du peuple dans son aspiration à une vie nouvelle.
Les évêques dénoncent le silence inexplicable des partenaires du Tchad. « Nous lançons un appel à tous les partenaires du Tchad à être sensibles aux aspirations du peuple tchadien pour un changement qualitatif et au Cmt à tenir ses promesses en menant cette transition à bon port pour la paix et la stabilité dans notre pays et dans la sous-région. Toujours soucieuse de voir tous les Tchadiens vivre dans la quiétude et le bien-être, respectueux des valeurs républicaines, l’Église catholique exprime sa disponibilité à apporter sa contribution dans les différentes phases de cette transition pour servir la cause de l’unité, de la justice et de la paix », informe le porte-parole de la conférence épiscopale.

Stanyslas Asnan