Edito

Haroun Kabadi ou la mauvaise réputation

Haroun Kabadi ou la mauvaise réputation 1

Ça aurait pu être le titre du livre à charge sur la personne du président de l’assemblée nationale, conspué aussi bien dans la rue que sur les réseaux de manière discontinue depuis trois semaines. Même s’il faut admirer le flegme de l’élu de Kyabé, qui n’a, de mémoire d’observateur, jamais répondu à la presse, force est d’admettre qu’en trente ans de vie politique, le nom de Haroun Kabadi a plus été associé au mauvais qu’au bon.

En 1998 alors qu’il était ministre de la Communication, c’est lui qui dirige la délégation chargée de pacifier le pays Niellim où les hommes du front démocratique populaire du Dr Nahor Mahmoud Ngawara venaient de prendre en otage des ressortissants français. Un nettoyage qui s’est soldé par des dizaines de morts et des sorties jubilatoires de Kabadi dans les médias…

Devenu Premier ministre après être passé à la Cotontchad puis au secrétariat administratif du Mps, Kabadi a cristallisé l’inimitié de la classe politique contre sa personne. Alors qu’il présentait son programme politique en tant que PM aux députés, il s’effondre. Commentaire assassin de Kassiré Coumakoye qui ne le porte pas en estime, «il n’a encore rien vu».

Le reste de sa vie politique sera marqué par des aller-retour au gouvernement et au cabinet et toujours ponctués de scandales. Il a au passage, alors qu’il était ministre de l’Agriculture fait modifier les résultats du test de recrutement des responsables du Programme national de sécurité alimentaire au profit des militants du Mps. L’affaire a fait grand bruit sans inquiéter le brave Jacques. C’est un de ses prénoms…

Ce qui ne l’empêchera pas de rebondir comme secrétaire général de la présidence. C’est là que la nasse du fameux marché 205 va se refermer sur lui. Il s’agit d’un marché public portant impression de manuels scolaires qui a été liquidé par sa complicité sans avoir été exécuté. Un matin, alors qu’il venait d’arriver à ses bureaux, il est convoqué à la police judiciaire d’où il partira pour la maison d’arrêt. Il finira par être arraché des griffes de la justice par la maestria de ses conseils pour être investi candidat aux législatives. Il parviendra après une bataille épique à partager les deux sièges de Kyabé avec Gali Ngoté Gata.

La suite, ce sera le perchoir de l’Assemblée nationale où là aussi, les scandales ne tardent pas à éclater. Gestion scabreuse du budget de l’Assemblée, des surfacturations qui crèvent l’œil, tout y passe sans que cela ne le gêne outre mesure, jusqu’au tir de trop de sa protection contre le jeune Mateyan Manayal Bonheur.

Tel pourrait être résumé le parcours de ce spécialiste en génétique du riz âgé de 70 ans, formé en Louisiane aux Etats-Unis pour qui l’éthique et la morale ne sont pas des valeurs cardinales même au plus haut sommet de l’Etat. C’est peut-être lui qui a mieux compris et incarné le système Déby puisque malgré ces casseroles, il aura eu une carrière et des comptes bien remplis. Pauvre Tchad !

La Rédaction