Edito

Un parti de comédiens

Un parti de comédiens 1

Le mouvement patriotique du salut (Mps) organise ce week-end le 8ème congrès extraordinaire de son histoire. Des assises convoquées dans la perspective des élections législatives, locales voire de la présidentielle. Depuis le 22 octobre, date de l’annonce dudit congrès, une fièvre s’est emparée des militants du parti à l’oriflamme guerrière. Des jeux de coudes, de positionnement, du savonnage de planche en passant par les visites nocturnes aux marabouts rythment le quotidien du millier de militants qui représente la crème du Mps et participera à la grand-messe de samedi et dimanche prochain. Parmi eux, des membres du gouvernement, des membres du bureau politique national, ceux du conseil national du salut et des secrétaires généraux des régions (devenus provinces).

Dans cette fièvre, chacun croit devoir jouer un rôle dans le futur du parti en s’alliant à tel pour contester tel autre avec l’espoir de saisir un strapontin ou ruminer sa défaite contre le camp d’en face, jusqu’à la prochaine occasion pour en découdre. Ceci sans que ne soit fait allusion à une idéologie, une vision politique ou encore le choix pour le futur du Tchad que le parti dirige depuis trois décennies.

On a assisté ces derniers jours par exemple à des fuites sur les prétendants au poste du secrétaire général, Mahamat Zène Bada, annoncé sur le départ mais qui ne s’en laisse pas compter. Depuis son exil parisien momentané, il organise avec sa garde rapprochée la contre-offensive. Le choix de Mme Chamsalhouda comme responsable de la commission mobilisation a été vivement contesté par les militants de la capitale qui remettent en cause ses capacités. A ce genre de scènes, on assiste tous les jours dans les couloirs du comité d’organisation.

Mais en vérité, les deux jours de congrès ne seront consacrés qu’à l’adaptation des textes du parti à la nouvelle nomenclature politico-administrative de la 4ème République. Ainsi, les secrétaires généraux des régions deviendront des provinciaux, etc. A part cela, rien de fondamental n’est attendu comme apport des militants qui s’en sont remis depuis longtemps à la clairvoyance du seul président-fondateur du parti. Lui seul sait s’il aura un nouveau secrétaire général ou non; lui seul sait s’il y’aura des changements au sein du bureau politique national et à quelle hauteur; lui seul aura le choix des hommes à chaque poste.

Comment comprendre donc que sachant tout cela, de braves hommes et femmes se livrent au spectacle désolant auquel on assiste à chaque congrès ? La quête du bien matériel a fait d’eux de simples comédiens qui retourneront leurs vestes à la première occasion. Cela, le grand patron le sait aussi. Comme le dirait l’autre, le Mps n’a que des employés, pas de militants.

La Rédaction