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Revue de presse de la semaine du 27 mai au 2 juin 2019

Revue de presse de la semaine du 27 mai au 2 juin 2019 1

La semaine dernière, les journaux tchadiens ont traité des affrontements meurtriers dans l’Est, les préparatifs des élections législatives, la levée de la suspension de la distribution des semences de coton IrmaQ302 et le décès de Obed Nangbatan, cameraman à la télévision nationale tchadienne.
« 4ème République des assassinats, d’incendies et de vols », s’emporte Abba Garde qui peint un tableau sombre en mai. « En l’espace de trois semaines, 3 jeunes ont trouvé la mort à N’Djaména suite à des actes barbares perpétrés par les agents des forces de l’ordre. Un prétendu conflit opposant agriculteurs autochtones aux éleveurs nomades arabes a causé 31 pertes en vie humaines et plusieurs villages incendiés dans les provinces du Ouddaï et du Sila. A Goïgoudoum dans le Mayo Kebbi Ouest, un conflit foncier les communautés moundang et moussey a causé la mort de 10 personnes », dénombre-t-il. Le trimensuel qualifie le mois de mai d’apocalyptique. « Le pays est frappé par une série de deuils forcés qui envenime de plus en plus la tension sociale chronique. La situation des provinces de l’Est est plus complexe que l’on imagine. Même si la thèse d’une démarche génocidaire planifiée depuis des lustres est loin de convaincre, le risque de transposition du conflit du Darfour est plausible » s’inquiète Abba Garde. « Couardise et complicité d’Etat», dénonce N’Djaména Hebdo qui rappelle les affrontements meurtriers dans le Ouaddaï ayant occasionné la mort d’une quarantaine de personnes et l’arrestation d’une trentaine d’entre elles se sont produits sous le nez et la barde des forces de sécurités, très présentes dans cette localité. « Le scandale, c’est la lâcheté dans laquelle se drapent les administrateurs civils et militaires face à ce conflit qui est devenu un véritable cancer. Cette couardise ne trouve d’explication que certains d’entre eux tirent les ficèles. Ils sont devenus propriétaires de bétail, spéculateurs de terres autour des villes », ajoute N’Djaména Hebdo qui trouve encore scandaleux le passage du ministre de l’administration du territoire à l’Est. « Dia, l’évidence s’impose », renchérit Le Pays qui qualifie la déclaration du ministre de l’intérieur selon laquelle ’’le paiement de la dia est interdit parce que la dia protège les criminels’’, « d’un aveu d’impuissance ». Sinon, relève-t-il, « la reconnaissance d’une incongruité qu’on a entendue de la bouche du ministre de l’administration du territoire, Mahamat Abali Salah. De la bouche d’un responsable de ce niveau, la phrase sonne comme la dénonciation d’une pratique d’origine islamique qui s’est insidieusement imposée au point de devenir le principal moyen de règlement des crimes de sang ». Selon l’éditorialiste de votre hebdomadaire, la dia n’est pas républicaine et n’exclut en aucun cas l’action publique dans un Etat qui se respecte. « Le Tchad n’est pas plus musulman que l’Algérie, la Tunisie et le Maroc. Au Tchad, il y a des chrétiens et des animistes qui ne s’y reconnaissent pas », conclut-il. Dans un contexte d’insécurité galopante, Le Progrès annonce que « des armes sont saisies dans des agences de voyage ». Selon le quotidien, quarante présumés détenteurs et trafiquants d’armes et munitions et autres sont présentés au commissariat de N’Djaména. « 4 fusils kalachnikovs, un pan (lanceur d’obus) ainsi que des cartouches de divers calibres présentés avec leurs présumés détenteurs », ajoute Le Progrès qui précise qu’il est dorénavant interdit aux agences de voyage de prendre un passager après la sortie.
« La tenue des élections est une urgence qui s’impose », déclare le président Déby dans les colonnes de Le Pays. Selon votre hebdomadaire, le chef de l’Etat a estimé qu’un bon système démocratique ne peut se concevoir sans l’organisation régulière des élections. « L’urgence de la tenue des élections s’impose à nous tous, pour éviter que la vitalité de notre démocratie ne soit affectée négativement», relève le chef de l’Etat qui appelle la classe politique dans son ensemble à multiplier les efforts et éviter les clivages et divisions inutiles. Le président de l’Union des démocrates pour le développement et le progrès (Udp) Max Kemkoye estime quant à lui que l’annonce de la tenue « des élections législatives en 2019 est un leurre ». « Juridiquement, il faut qu’il y ait le code électoral, qui est jusqu’ici inexistant. Semble-t-il que son examen est programmé à l’Assemblée nationale pour le mois de juin. Financièrement, le Tchad fait face à des difficultés sévères. Ainsi, avec une surface financière réduite à sa portion congrue qui contraste avec des charges liées aux va-et-vient intempestifs et sans effets à l’étranger de Déby, à l’amortissement des dettes, est-ce le gouvernement pourrait financer les prévisions budgétaires de 33 milliards ? Politiquement, l’environnement est plus que délétère avec une lèpre qui monte contre les opposants, où l’arène politique est devenue un ring ouvert sur lequel, on menace publiquement les opposants d’arrestation et de judiciarisation », dénonce-t-il. « Déby exhorte le Cndp et la Céni à l’action », renchérit Le Progrès qui note que le chef de l’Etat s’est réjouit de la composition paritaire aussi du Cadre national de dialogue politique (Cndp) que de la Commission électorale nationale indépendante (Céni). « C’est assurément le gage de notre volonté commune de notre souci partagé de créer les conditions favorables à l’organisation d’élection libres, démocratiques et transparentes et, plus généralement de l’encrage de la démocratie dans notre pays », ajoute-t-il.
« La suspension de la distribution des semences de coton Irma est levée », lance Le Pays qui précise qu’un courrier de la ministre de la production, de l’irrigation et des équipements agricoles, signé ce jour lève la mesure de suspension de la distribution des semences de coton. « Sur instruction de son excellence Monsieur le président de la République relayée par le ministre d’État, ministre secrétaire général de la présidence (…) la mesure de suspension de la distribution des semences de variété Irma Q302 est levée », rapporte votre hebdomadaire qui rappelle que, « la CotonTchad a importé des semences de coton du Cameroun pour faire face à la rareté des semences conséquence de la baisse de production de coton. Mais le 13 mai 2019, un courrier de la ministre a suspendu la distribution de semences pour absence de contrôle qualité. Une décision qui a suscité la colère des producteurs de coton mobilisés pour la relance du secteur qui battait de l’aile ». « La semence de Coton IrmaQ302 serait validée », relève Le Progrès qui informe que « les techniciens du ministère de la production, de l’irrigation et des équipements agricoles, dépêchés dans la zone du Logone occidentale pour analyser les échantillons de la variété de la semence cotonnière IrmaQ302, importé du Cameroun, doivent remettre les conclusions de leurs travaux avant la fin de cette semaine. Elle serait validée ».
« Obed Nangbatan, martyr de la barbarie », lance N’Djaména Hbdo qui note que le cameraman de la télévision nationale qui est fauché avec sa camera en main s’est éteint le 25 mai dernier quelques heures après une attaque de Boko-Haram contre les positions de l’armée dans le Lac. « En embrassant ce métier, certes noble, mais très ingrat dans ce pays de mille et un risques, ni Obed, ni aucun autre journaliste ne peut penser finir sur une mine où sous une bombe d’un fou sanguinaire », martèle-t-il. « Un convoi du Cemga 2èmeadjoint saute sur une mine », renchérit Le Progrès qui rappelle que 4 soldats et un cameraman tués. « L’Explosion d’une mine au passage d’un convoi de l’armée nationale tchadienne conduit par le chef d’Etat major général des armées 2ème adjoint a causé cinq morts dont un cameraman de la télévision nationale Obed Nangbatan et une dizaine de blessés », ajoute-t-il. « Adieu Nangmbatinan Obed », lance Le Pays qui informe qu’il a été inhumé le mercredi 29 mai 2019 en présence de sa famille biologique et professionnelle.« Vêtus d’un noir, signe de deuil, le personnel de la télévision nationale tchadienne et plusieurs autres confrères journalistes ont rendu un dernier hommage au cameraman, Nangmbatinan Obed ce mercredi 29 mai 2019. C’est une marée humaine qui a fait le déplacement au domicile du défunt au quartier Digangali dans le 9ème arrondissement. Ses collaborateurs, chefs de services, amis et parents retiennent de lui, l’humilité et le courage d’un homme dévoué qui ne connaît pas la fatigue », relève votre hebdomadaire qui précise que Nangmbatinan Obed repose désormais au cimetière de Toukra.

Stanyslas Asnan