Edito

Et si on oubliait l’électricité ?

Et si on oubliait l’électricité ? 1

La population tchadienne ne cesse de se lamenter à cause de la canicule qui s’est installée depuis quelques semaines. Et comble de tout cela, elle n’a pas de l’électricité. Depuis janvier 2024, la fourniture d’électricité a chuté de manière drastique passant de 120 à 24 mégawatt. Certains quartiers de la capitale ont atteint des records de trois mois sans électricité. Le traumatisme est tel que quand survient la lumière, des cris de joie éclatent de partout faisant croire qu’une divine nouvelle venait de tomber du ciel…
Selon le Premier ministre qui s’est confié à votre hebdomadaire, un véritable travail de sape a été entrepris à des fins électoralistes pour freiner de quatre fers tout effort d’amélioration de fourniture en électricité. Section de câbles, sabotage de groupes électrogènes, ralentissement des procédures dans l’acquisition des machines et intrants de production d’électricité.
Donc au lieu de serrer les boulons au patron de la Primature, il vaudra mieux regarder le calvaire des Tchadiens et tchadiennes. Ceci nous remémore le refrain de l’ex groupe musical « Otentick » qui chantait déjà il y’a 20 ans : « donnez-nous de l’eau…donnez l’électricité. Mon peuple est malade parce qu’il n’y a pas d’eau potable ».
La nature ayant horreur du vide, les Tchadiens face à l’absence de l’Etat se mettent de plus en plus au solaire. Le paradoxe aujourd’hui est qu’à vol d’oiseau, ce sont les ceintures périphériques qui sont éclairés en lieu et place du centre-ville censé être éclairé.
Cette tendance qui va s’accentuer sans doute montre l’échec du système qui gère le Tchad depuis plus de trente ans. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir donné son accord pour des solutions alternatives mais le gouvernement reste incapable de favoriser l’émergence des énergies renouvelables alors que celles-ci sont défiscalisés depuis plusieurs années.
A l’analyse, tout remonte à la gouvernance. Le Tchad est géré par des rapaces dont le souci premier est et reste l’enrichissement illicite. Aucun projet de développement ne peut produire des résultats tangibles à cause de l’appétit des gestionnaires allant du sommet au plus petit sur la chaine. Ainsi, les hommes s’enrichissent pendant que le pays recule à tous points de vue sur les indices de développement. En fin de compte, ce qu’il faudra, ce ne sera pas des solutions alternatives pour avoir de l’électricité qu’il faudra chercher mais la gouvernance. Le rendez-vous est pris le 6 mai 2024.

La Rédaction