Edito

Edito n°19

Un Bac pour les nuls

Il faut se le dire tout de suite. Les autorités en charge de l’organisation du baccalauréat ont échoué. Les nombreuses perturbations qui ont jalonné le déroulement des cours cette année a servi de prétexte pour faire les bacheliers à l’emporte-pièce. Cela se caractérise d’une part par des épreuves de composition  très abordables puisque formulées à partir des premiers chapitres de cours. En Histoire et Géographie par exemple, les sujets sont formulés sous forme de questionnaires. Chose inadmissible pour des élèves en fin de cycle de lycée et qui doivent disserter, argumenter. Et pour faire plus facile, les élèves ont eu droit à une seule matière par jour.

La correction fut aussi une autre paire de la manche. L’instauration de la double correction apparait comme une meilleure astuce dans la distribution  automatique de notes. Une copie est corrigée par un 1er correcteur puis vérifiée par un 2ème correcteur. Si le 1er correcteur, par sa rigueur donne une note très faible au candidat, le vérificateur c’est-à-dire le 2ème correcteur rehausse la note et c’est toujours la meilleure note que le secrétariat prend en compte. En outre, certains correcteurs à la recherche du profit,  cherchent à tout prix à finir vite le quota en survolant les 250 copies pour en corriger d’autres. La complaisance dans les vérifications est la règle d’or  au détriment de rigueur. Des enseignants ne corrigent pas selon leurs disciplines. Géographes, juristes et sociologues corrigent le français. Les chargés de cours d’anglais de collèges ont corrigé la philosophie.

Le seul souci  qui a guidé le secrétariat dans ce désordre est d’avoir un pourcentage important en admission pour faire croire au ministère en charge de l’enseignement supérieur que les reformes mises en place ont marché. Pour preuve, entre la note du correcteur et celle du vérificateur, ils ne prennent jamais la moindre. Ils cherchent même à donner une note passable si l’une entre les deux n’atteint pas une note passable. Ce qui explique une augmentation du taux d’admission lors des premières séries d’épreuves écrites au bac cette année. Pourtant,  les élèves n’ont pas atteint la moitié des  programmes dispensés.  Tous ces faits démontrent les manœuvres utilisées par les autorités en charge de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur pour arriver à ce taux élevé de  réussite au bac de 2016. Cet examen qui ouvre la porte du supérieur, est devenu une affaire politique où tout est déployé pour donner des faux airs malgré la qualité désastreuse de l’année scolaire. Quelle sera la compétitivité de cette cuvée de bacheliers sur le marché sous régional voire international? Dans ce monde mondialisé, l’absence d’excellence est mortelle.

L’Emergence d’un pays ne peut se faire sans une éducation de qualité. C’est pourquoi, il est urgent de changer la manière d’organiser cet examen  parce que le résultat du baccalauréat de cette année ne reflète pas le niveau des élèves et en fait un baccalauréat pour les nuls.

La Rédaction