Edito

Edito N°095

Edito N°095 1

La plaisanterie

Ainsi donc, les effectifs de la police nationale repassent sous les fourches caudines d’une commission de contrôle chargée de vérifier la régularité des intégrations et promotion. Quatre équipes d’inspecteurs sont déployés à cet effet au ministère, au commissariat central et dans les locaux du groupement mobile d’intervention de la police.

De l’aveu du ministre de l’administration du territoire, Ahmat Mahamat Bâchir, il y’a des policiers qui gagnent deux à trois salaires sans qu’on ne sache exactement où ils exercent.  Tel serait la situation des effectifs au sein de ce service censé assurer notre sécurité et c’est ce à quoi on dit vouloir remédier.

Les premiers échos qui parviennent font état d’un véritable capharnaüm dans les rangs comme le cas de cet agent devenu officier de police sans savoir ce qu’est un brevet d’étude du premier cycle (lire dans nos Indiscrets). Au-delà de son aspect caustique, l’histoire révèle le vrai état de ce corps et par extension celui de toute la fonction publique où au nom de la paix ou de la politique, on a injecté par centaine des individus dont le seul mérite est d’avoir été combattants, militants sans aucune qualification. Promus à de hauts rangs, ils sont non seulement inefficaces mais surtout source de démotivation et de frustration pour les professionnels qui ont fait de la sécurité des biens et des personnes un sacerdoce.

Quel contrôle voudra-t-on opérer dans ce cas lorsqu’on sait, et c’est déjà le cas, que des interventions de toutes parts viendront plaider pour le maintien de tel ou tel autre parce que orphelin d’un ancien camarade, membre de telle famille. «Ce sont les diplômés et ceux qui ont des papiers qui ont le plus de problèmes en arrivant devant la commission», s’est plaint un policier. A l’évidence, ce contrôle comme celui de la Conapol en 2013 ne servira pas à grand-chose sinon distraire l’opinion. 

Le vrai problème de la police comme celui de la fonction publique en général est qu’il existe de nombreux agents placés pour les raisons évoquées ci-haut. C’est la raison pour laquelle on refuse de procéder sinon de mettre en application les recommandations des diverses missions de contrôle et audits qui ont révélés de graves dysfonctionnements. Si depuis bientôt dix ans on passe d’un contrôle à un autre sans résultat, c’est qu’il y’a un facteur de blocage. Ce sont les intrus dont certains sont des mineurs qu’on a accroché à la mère nourricière qu’est le trésor public. Cela fait dix ans que le pays n’est plus en guerre. Dans un état sérieux, les combattants et autres sans qualifications intégrés dans le cadre des accords auraient dû bénéficier d’un programme de professionnalisation qui, du reste, existe.

Ne pas le faire et vouloir faire payer l’effort aux autres travailleurs est injuste. Le gouvernement doit avoir le courage politique d’assumer cet état de fait et trancher. Comme le suggère justement le rapport d’Amnesty international publié ce lundi 18 juillet. Continuer à faire semblant avec ce genre de contrôle le fera passer aux yeux de l’observateur averti comme un simple plaisantin. 

La Redaction