Edito

Edito N°080

Edito N°080 1

Leçon de pratique politique

Echec et mat ! C’est le constat unanimement fait par les observateurs à la fin de la journée villes mortes lancée par les partis politiques d’opposition et les associations de la société civile. A N’Djaména comme en provinces, à quelques exceptions, les gens ont vaqué normalement à leurs occupations, ou ce qui reste, comme si de rien n’était…

« Finalement, le peuple n’écoute plus les associations de la société civile et les partis politiques. Seuls les syndicats peuvent encore mobiliser », a lancé un observateur. C’est à croire aussi que ces partis et associations n’ont pas de militants. Beaucoup de leaders devraient enrager au soir du 12 mars en regardant la formidable mobilisation de l’opposition guinéenne face au régime de Alpha Condé.   

A l’analyse, c’est l’absence de sensibilisation, sinon de persuasion qui explique cet échec qui n’a que décrédibilisé un peu plus ces regroupements qui peinent à assurer le rôle qui leur revient.

La faute à l’absence d’appareils qui leur permettent de mobiliser face à la colère qui est là. En effet, faute de moyens ou de volonté, ces forces alternatives ont grillé au fil des ans leurs potentiels parfois. Le syndrome du chef qui ne souhaite pas l’alternance, celui qui ne veut voir émerger d’autres figures que lui ont fini par faire des partis et associations de simples coquilles vides.

Autant le parti au pouvoir a des ‘’employés’’, qui pour préserver leur beafsteak sont prêts à montrer les muscles, autant en face, les partis et associations n’ont pas su se constituer une clientèle qui sache porter l’indignation qui ne manque pas sous nos cieux.

Ils s’en défendent arguant la répression et l’injustice du système politique, voire le manque de culture des militants. Mais, ils oublient qu’il leur revient de sensibiliser, former et convaincre les masses pour les rendre perméables au discours et sensibles aux situations auxquelles ils seront confrontés.

C’est manifestement ce qui manque à la classe politique d’aujourd’hui. C’est aussi le constat d’échec d’un apprentissage démocratique qui dure depuis bientôt trente ans. Ce n’est pas assez nous objectera-t-on. Mais, c’est suffisant pour former un personnel politique capable d’animer le jeu démocratique. Mais que constate-t-on ? Dans la presse comme sur la place publique, la culture du débat et le niveau auquel il s’élève montre que l’on s’enfonce plutôt vers les abysses.

C’est donc aux acteurs de tirer les leçons de cet échec qui n’est que la répétition de plusieurs rendez-vous manqués. Le jeu démocratique est certes un apprentissage. Mais pour le pays, le curseur ne semble pas avoir bougé. Il décroit même. Les faits le prouvent. Ce qui est inquiétant pour l’avenir. Avant de crier à la répression, il faut savoir tirer les leçons des échecs. Malheureusement, ce n’est pas le cas pour les partis politiques et  la société civile de notre pays. Ce qui oblige le peuple à retirer sa confiance à certains partis politiques et leaders de la société civile. L’échec de la ville morte du lundi dernier est une bonne leçon de pratique politique. Car, “un échec est un succès si on en retient quelque chose” disait Malcolm Forbes, fondateur du Magazine américain Forbes.

La Redaction