Edito

La décentralisation : ce serpent de mer

La décentralisation : ce serpent de mer 1

Il faudra cinq jours aux 350 participants au séminaire national sur la décentralisation pour définir les contours de l’Etat fortement décentralisé consacré par la première constitution de la 5ème République.

Ainsi, il s’agira de travailler aux « renforcement des mécanismes de financement, la formation des élus et agents territoriaux et la participation citoyenne via des outils comme les budgets participatifs ».

Selon les organisateurs, il sera procédé par une « progressivité dans le transfert des compétences, concomitance des ressources financières et humaines, et transparence dans la gestion des collectivités autonomes ».

Un planning qui devrait conduire le Tchad d’ici quelques années à un niveau où, l’enseignement, l’urbanisme, les questions agricoles seront traitées par les communautés de chaque province selon leurs aspirations. Du moins théoriquement et si tant est que le pouvoir consente réellement à transférer les compétences et laisser la main aux collectivités territoriales.

Cet idéal ne résiste hélas pas à l’analyse et votre hebdomadaire s’hasarde dans le pari selon lequel ce processus de décentralisation n’aboutira pas.

Primo : Comme son père qui a accepté le principe de la décentralisation pour contrer les partisans du fédéralisme, Mahamat Idriss Déby Itno jouera le jeu, le temps de conforter son pouvoir mais n’acceptera jamais de céder une partie de son pouvoir à des présidents d’exécutifs qui pourraient.

Secundo : Au regard de la petite expérience des conseils municipaux élus en 2012, la gestion des crédits suscitera des querelles qui serviront de prétexte à l’exécutif central pour ne pas avancer dans le processus. La raison : la classe politique dans sa grande majorité a perdu toute notion de vertu au point où l’engagement en politique n’a qu’un objectif : remplir sa panse au détriment de l’idéal républicain.

Si en 2001, la qualité des ressources humaines aux commandes des affaires du Tchad était acceptable, forces est de constater qu’elle s’est effondrée aussi bien en qualité qu’en vertus. C’est pourquoi, confier la gestion des provinces à des mains inexpertes et sans idéal est plus que risqué.

C’est tout en cynisme que le pouvoir qui le sait bien, feindra de foncer vers la décentralisation et finira par imposer l’évidence des incompétences et indélicatesses comme un frein au développement.

Le chef de l’Etat, qui connait très bien la faune politique, a d’ailleurs prévenu qu’il ne tolérera aucune dérive, alors qu’il sait que cela est inévitable.   Conclusion : on créera les conditions objectives de la non-décentralisation après avoir refusé la fédération.

La Rédaction