Politique

Un groupe de magistrats rompt avec les deux syndicats des magistrats du Tchad et crée un nouveau syndicat

Un groupe de magistrats rompt avec les deux syndicats des magistrats du Tchad et crée un nouveau syndicat 1

Par un point de presse tenu ce mardi 15 août 2023, le Syndicat libre des magistrats du Tchad (Sylimat) est officiellement lancé. C’est un syndicat à contre courant de la lutte que mènent les deux syndicats (syndicats des magistrats du Tchad et le syndicat autonome des magistrats du Tchad).

Le 4 août dernier, le groupe ad hoc des magistrats a appelé à la fin de la grève lancée par les syndicats des magistrats du Tchad. Le 10 août 2023, les membres de ce Groupe ad-hoc ont été suspendus par les deux bureaux des syndicats des Magistrats. Ainsi le groupe a fait certaines clarifications en annonçant officiellement sa rupture avec la forme actuelle que revêt la lutte syndicale portée par les deux bureaux des syndicats.

Pour le groupe ad hoc la suspension de ces membres est totalement irrégulière et injuste. « Elle est prise en violation flagrante des principes sacrés des droits à la défense et trahit nettement une volonté – du reste dominante dans les deux bureaux – d’empêcher, par toute sorte de manœuvres et de manipulations, l’éclosion de toute expression libre au niveau de leur base respective. Prise en otage par des injonctions dictées par une poignée d’individu, la grande masse de membres des deux bureaux se trouve dépossédée de sa capacité à faire preuve de retenue et de mesure en faisant appel au bon sens pour désapprouver la méthode empruntée par cette lutte syndicale qui refuse la moindre concession », estime le porte-parole du groupe Kouldjim Mbaigonro. Il poursuit que la liberté syndicale et l’exercice du droit de grève ne sont pas absolus. « Leurs limites résultent de la nécessaire conciliation entre, d’une part, la défense des intérêts professionnels – dont la grève est un moyen – et, d’autre part, la préservation de l’intérêt général auquel la grève peut porter atteinte (notamment les milliers de prisonniers, parfois innocents, qui sont en attente d’être situés sur leur sort). La justice étant, par essence, un service public essentiel – dont la continuité doit être toujours maintenue – la poursuite de la grève, quel qu’en soit le motif, ne trouve aucune légitimité, ni la moindre base légale, sans le maintien d’un service minimum et ceci, conformément aux dispositions combinées des articles 3 de la loi n°011/PR/2013 portant Code de l’Organisation Judiciaire et 18 de la loi n°2007-08 du 09 mai 2017 révisée par la loi n°2016-32 du 31 décembre 2016 portant droit de grève dans les secteurs publics ».

Le groupe trouve que les revendications qui sont portées, soutenues et voulues par l’ensemble des magistrats sont toutes légitimes mais «la poursuite de la grève semble inopportune dès l’instant que le gouvernement a fait des efforts pour satisfaire certains points de revendication (renforcement des juridictions en élément de sécurité, dotation partielle des magistrats en arme de poing, moyens roulants, revalorisation des indemnités à 50%) ».

Le Groupe ad-hoc constate que son appel à la prise de conscience individuelle ait reçu un écho favorable dans certaines grandes juridictions, notamment à Ndjamena, Abéché, Mongo ainsi que d’autres juridictions.

Les membres du groupe annoncent la création d’un nouveau syndicat pour poursuivre la lutte sous une autre forme. « Un syndicat dénommé “Syndicat libre des magistrats du Tchad” (Sylimat ), dont le but est de participer, avec les valeurs et la vision qui sont la sienne, au renforcement de l’espace syndical et à l’approfondissement de la culture démocratique. Ce syndicat sera porté sur les fonts baptismaux dans les prochains jours à l’effet de recevoir les autorisations administratives nécessaires. La devise du Sylimat, qui se décline ainsi qu’il suit « La responsabilité dans l’action syndicale », traduit la volonté de concilier le droit d’exercice de la grève et la préservation de l’intérêt général », annonce Kouldjim Mbaigonro.

En attendant la tenue d’un Congrès électif pour mettre en place tous ses organes, il est mis en place un bureau provisoire du Sylimat composé ainsi qu’il suit : Président, Kouldjim Mbaigonro, Secrétaire général Youssouf Mahamat Maïna, Djamal Sylvestre est le Secrétaire général adjoint.

Comme pressenti, un troisième syndicats des magistrats est né. Smt, Syamat et désormais Sylimat. L’adage “diviser pour mieux régner” trouve tout son sens.

Nadjita Namlengar