Edito

Le règne des Totos

Le règne des Totos 1

L’affaire aurait pu en rester à l’anecdote si elle n’impliquait pas ce qu’il y’a de plus important pour la vie de la nation : son avenir. Vendredi dernier, les responsables de l’éducation nationale de Massaguet se sont livrés en spectacle devenant la risée des internautes à travers trois notes de services aussi ridicules l’une que d’autres.

Pour ceux qui ont raté l’histoire : l’inspecteur pédagogique de cette localité, furieux de n’avoir pas aperçu assez de filles lors du défilé de la journée internationale de femme se fend d’une circulaire dans laquelle il instruit le proviseur du lycée moderne de Massakory de sanctionner les élèves qui ont déserté le défilé de la Senafet demandant en même temps à chaque professeur de leur coller un zéro. Manque de pot, le document se retrouve sur la toile suscitant indignations et quolibets. Deux heures plus tard, c’est un autre document qui atterrit sur la toile. Une contre-circulaire, venant cette fois-ci du délégué de l’éducation qui annule, dans un français aussi décousu que celui de son inspecteur, l’acte sanctionnant les pauvres filles. Indignations et moqueries repartirent de plus belle obligeant la très connectée ministre de la femme à entrer dans la danse prenant fait et cause pour les pauvres filles. Trop tard, ce qui tient lieu d’élite tchadienne vient de montrer à la face du monde qu’un inspecteur de l’enseignement ne sait pas aligner trois phrases correctes dans la langue de Molière…

Cette tragi-comédie, du reste, ordinaire dans la haute fonction publique, les services et, horreur, dans les salles de classe est la conséquence d’un travail de sape entamé par le défunt Maréchal et qui se poursuit. Pour Idriss Déby Itno, l’excellence n’a jamais été la tasse de thé. On se souvient encore du mépris qu’il a affiché quand on lui a demandé s’il faisait bien de choisir comme Premier ministre un titulaire d’un bac +2. Cette attitude s’est poursuivie dans les institutions par une promotion de la médiocrité au point où l’excellence n’est plus une valeur. Il suffit de ruser en y ajoutant un zeste de militantisme, faire semblant, pour décrocher le fameux décret qui ouvre les portes de la fortune publique. Même les domaines où les choses de l’esprit sont de mise n’ont pas échappé au travail de sape.

Les nouveaux écrivains ne sont que des commanditaires de publi-reportages et dans les universités, on en est encore à chercher des chercheurs qui cherchent…
Tel est le Tchad que le système Déby dont les héritiers, qui ne brillent non plus par l’esprit, cherchent à perpétuer. Continuerons-nous à les laisser pousser le pays vers les abysses ?

La Rédaction