Edito

Et si elle lavait les péchés de Le Drian ?

Et si elle lavait les péchés de Le Drian ? 1

Ainsi, Jean-Yves Le Drian, baron de Bretagne, prince Zaghawa et personnage clé des relations entre le Tchad et la France a quitté le Quai d’Orsay il y’a une semaine. Au terme du remaniement qui inaugure son deuxième mandat, le président français, Emmanuel Macron a préféré au vieux grognard (bientôt 75 ans), une diplomate de carrière, Catherine Colonna.

Un départ salué par tous ceux qui l’ont vu à l’œuvre surtout en Afrique où il n’avait plus bonne presse. Ami personnel des Itno, il a fait plusieurs séjours privés à Amdjarass d’où il est reparti, selon des confidences, couvert d’ors. En retour, il a été aussi bien en tant que ministre de la défense qu’au affaires étrangères d’un soutien inébranlable au régime qui martyrise les Tchadiens depuis plus de 30 ans. On lui prête aussi un rôle non négligeable dans la succession père-fils que le Tchad connait depuis une année. Le ressentiment contre la France ou plutôt le rejet de la politique française que l’on observe ces derniers temps n’est donc pas étranger à l’œuvre de celui qu’on a fini par surnommer «Le Truand». Sur les traces de pareil personnage, tout patriote ne peut que «jeter des morceaux de charbon» comme on le dit chez nous, pour qu’un pareil dessein s’éloigne à jamais de nos contrées.
Les Tchadiens qui sont de plus en plus inquiets de l’évolution de la transition en cours, espèrent que le changement de tête au Quai d’Orsay marquera aussi un changement de politique tchadienne.

Surtout que face aux accusations de soutien à la junte au pouvoir à N’Djaména, le président Français, Emmanuel Macron a réagi indiquant clairement qu’il n’était pas dans «un plan de succession monarchique».
S’ils veulent marquer l’histoire et surtout renverser la tendance du ressentiment contre leur pays, le chef de l’Etat français et sa cheffe de la diplomatie savent ce qui leur reste à faire pour ce qui concerne le Tchad.

Emmanuel Macron qui est à son dernier mandat doit peser de tout son poids, avec l’appui de ses diplomates pour la réussite de la transition qui suppose l’organisation d’élections libres et transparentes marquée par un passage du pouvoir aux civils. Parvenir à persuader les militaires qu’ils doivent repartir dans les casernes ne sera certes pas aisée. Mais s’ils y parviennent, Macron et son équipe auront lavé la boue laissé sur nos terres par les gondoles de Jean-Yves Le Drian et nous reprendrons plaisir à manger du fromage dont nous avons perdu le gout par la faute d’une politique plutôt mal pensée.

La Rédaction
NDLR : En cette semaine décisive pour l’histoire du Tchad, nous rééditons cet éditorial publié il y’a quelques mois qui reste d’actualité