Edito

Edito N°053

Edito N°053 1

La valeur du serment

Le 08 et 15 mai dernier, les inspecteurs des impôts ont prêté serment devant les juges pour servir avec loyauté la nation tchadienne en respectant les règles qui régissent leur métier. A la fin de la cérémonie, voici ce que nos oreilles ont pu capter : « Enfin, je vais me reposer. J’ai déjà fait pour me conformer aux règles.

La pratique est tout autre chose », lâche un des récipiendaires à son ainé dans le métier. «La plupart des gens qui ont prêté serment le violent. Nous ne serons pas les premiers ni les derniers à violer. Ainsi, va le pays », ajoute un autre. Cette petite discussion montre clairement  la valeur que l’on accorde au serment sous nos cieux.

Cette prestation de serment vient compléter la longue liste de celles posées par diverses personnalités devant le juge, théoriquement par respect aux lois et à  la constitution tchadienne. Il est tout à fait normal que ceux qui aspirent à assumer les hautes fonctions de la     République prêtent serment devant le juge. Ceci pour les engager à faire preuve de probité morale.

La prestation de serment est donc une promesse solennelle que fait une personne avant de porter une charge ou prendre fonction. Cela fait partie de la loi fondamentale et des autres textes qui régissent les différents corps du métier au Tchad. C’est pourquoi, avant d’entrer en fonction? le Président de la République prête serment          solennellement devant la nation. Les juges, avocats, huissiers,       notaires, médecins sont également appelés à prêter serment. Malheureusement, cet acte semble devenu une simple cérémonie       folklorique qu’il faut juste accomplir afin de se conformer aux textes réglementaires.

Conséquences, nombreux sont ceux-là qui ont prêté serment mais se livrent aux détournements des deniers publics, aux malversations, à la corruption et autres vices sans aucun égard pour le serment qu’ils ont prêté. Ce qui dénote la méconnaissance de la valeur de cet acte par les Tchadiens. Pourtant, les serments sont une déclaration de loyauté envers la constitution ou d’autres textes. Dans un pays où la constitution, les droits humains et la justice sont respectés, la violation du serment peut être considérée comme un crime ou une haute trahison.

Au Tchad, prêter serment, se résume à une cérémonie où il faut inviter les parents, les connaissances au Tribunal et se disperser après un pot. Le caractère sacré et honorifique est relégué au second rang. La plupart des détourneurs et ceux qui violent la constitution et autres textes sont ceux-là qui ont prêté serment. Si la valeur de prestation de serment est bafouée, à quoi bon la maintenir? L’important n’est pas de prêter serment, mais de respecter la déontologie de chaque métier.

Dans ce cas, pourquoi ne pas revoir les textes qui font obligation à prêter serment et engagement des femmes et hommes. Or l’Etat est une entité dirigée par des hommes. Le serment est prêté par des hommes qui ne la respectent pas toujours. Ce qui donne à cet        éditorial, des allures d’un Jean-Baptiste prêchant dans le désert.                              

 

La Rédaction