Edito

Annihiler « les forces centrifuges »

Annihiler « les forces centrifuges » 1

L’aveu est de taille mais n’a pas été suffisamment relevé. Au cours du débat africain, l’émission de Radio France Internationale consacrée à la situation politique du Tchad, le conseiller à la réconciliation du président du conseil militaire de transition, Ali Abderhamane Haggar a indiqué que la furie contre le cortège qui accompagnait le leader des Transformateurs le 9 septembre dernier pour répondre à la convocation du procureur est l’œuvre des « forces centrifuges » sur lesquelles le chef de l’État n’a pas de contrôle…

Autrement dit, ceux qui ont décidé de gazer puis tirer à balle réelle sur cette foule qui scandait « égalité, justice » ne répondaient pas à une chaine de commandement qui, dans un État normal, remonte jusqu’au chef suprême de l’armée. Telle est l’état des forces de défense et de sécurité dans le pays ayant l’armée la plus « professionnelle » du sahel et à même d’aider à contenir le terrorisme dans la région.

C’est à tout le moins l’argument béton de ceux qui ont soutenu l’installation du Conseil militaire de transition après la mort, en avril 2021 d’Idriss Déby Itno. La sécurité, la stabilité ont été les arguments utilisés aussi bien par les acteurs nationaux qu’internationaux pour justifier l’intronisation du fils Déby à la place de son père.

A l’évidence, l’armée tant vantée n’est qu’une milice, un ajustement de clans qui ne répondent qu’aux leurs. Le même schéma a été appliqué aux autres forces au point où, la grande partie de la force publique dont dispose le Tchad vient d’une ethnie au sein de laquelle il n’y a pas que des partisans d’un Tchad gouverné par des civils et affranchi de l’économie de la guerre.

C’est contre ces forces dites « centrifuges » dans une perspective de paix et de développement que le conseiller du chef de l’État appelle, avec la finesse qu’on lui connait, à lutter. Il s’agit des faucons qui, au lieu d’aider Mahamat Idriss Déby Itno à poser les jalons d’une transition saine et apaisée, lui répètent la même litanie qui a poussé son père à se prendre pour le choix du Dieu tout puissant sur terre. Ce sont en général des politiciens porteurs d’un audit social défavorable, sans véritable référence académique et professionnelle qui n’ont pour seules armes que la délation. Ce sont eux les ennemis du Tchad qu’il faut mettre hors d’état de nuire avant qu’ils ne mettent le feu dans notre héritage commun. Et c’est une urgence.

La Rédaction