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« Il y a des gens qui veulent, avant de mourir, enterrer le Tchad »: le bâtonnier

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Le président de l’ordre des avocats du Tchad, le bâtonnier Me Djerandi Laguerre Dionro dénonce avec véhémence l’attitude des responsables du Comité d’organisation du dialogue national inclusif (Codni) qui adoptent sans consensus la proposition de vote à main levée faite par le président du conseil national de transition (Cnt) Dr Haroun Kabadi.

« Les vieilles habitudes ont la peau dure », dit un adage. Au palais de la culture où se poursuivent le dialogue national inclusif, les débats prennent l’allure des modes et pratiques à l’hémicycle où n’importe quel projet de loi passe comme une lettre à la poste. Alors que des nombreux participants ont proposé le vote au bulletin secret, la proposition du président du Conseil national de transition (Cnt) Dr Haroun Kabadi sur le vote à main levée a été adoptée par le Codni. Ce qui n’est pas du goût du bâtonnier Me Djerandi Laguerre Dionro qui appelle à tourner la page de ces pratiques. « Monsieur le président… Est-ce que nous voulons réellement le bien du Tchad. Est-ce que nous voulons vraiment rompre des veilles habitudes pour ne pas continuer à plonger le pays », s’interroge-t-il? La réponse, insiste le président de l’ordre des avocats du Tchad est « non ».

Compte tenu des manœuvres, le bâtonnier doute et exprime sa crainte que les choses ne changent d’un iota. « Il y a des gens qui veulent continuer à pêcher en eau trouble. D’où viennent-ils monsieur le président et est-ce que c’est ça le consensus? Lorsqu’une seule personne a proposé un vote à main levée et c’est ce qui va être adopté. Parce qu’il y a des influents ici », ajoute-t-il.

Le bâtonnier regrette que de propositions ont été balayées d’un revers de main parce que, dénonce-t-il, une personne qui gère une institution (Dr Haroun Kabadi) a fait une proposition et elle est adoptée. « Non, les choses ne peuvent plus se passer comme ça. Il y a des gens qui veulent, avant de mourir, enterrer le Tchad. Nous ne voulons pas, nous jeunes, nous ne voudrions pas. Est-ce qu’il y a des voix qui comptent plus que d’autres ? Non, nous sommes tous participants. Est-ce que c’est ça le consensus ? Si c’est ça, nous en voulons pas », fustige-t-il. Ce dialogue est l’occasion d’après lui, pour certains de se racheter compte tenu de leurs passifs. « Certains ici, ce sont des personnes qui en réalité, nous autres ne retenons rien de positif de leur passage à la tête des institutions de la République. Nous aimerions bien qu’ils posent à cette occasion des actes positifs pour que demain nous parlions à nos enfants d’eux », assure-t-il.

Pourquoi, se demande Djerandi Me Laguerre Dionro, le vote à bulletin secret fait peur? « Ce n’est pas avec cette manière que nous allons faire venir ceux qui hésitent à venir. Nous sommes en train de les décourager. Mieux on est en train de décourager certains à quitter la salle. S’il vous plaît, soyons sérieux pour une fois pour votre pays. Ce vote à main armée ou levée, il faut l’abandonner. On sait où est-ce qu’on veut nous conduire. Et ça, nous n’en voulons pas. On revient à nos meilleurs sentiments pour que les choses se passent bien mais ne poussez pas les gens à quitter la salle. Ne poussez pas ceux qui sont dehors à dire ‘voilà ce qu’on vous a dit’. Faites les choses autrement », a conclu le bâtonnier.

N’Djamena dans l’obscurité 

Alors que les débats sont retransmis en direct sur la télévision publique, de nombreux quartiers de N’Djamena sont plongés dans le noir. Lors de son passage, le président de l’ordre des avocats du Tchad a appelé les autorités de transition à fournir d’efforts. « Que le gouvernement de transition fasse des efforts parce que des propos que nous recevons, c’est qu’il n’y a pas d’électricité », lance Me Djerandi Laguerre Dionro.

Stanyslas Asnan