Edito

La sécurité ce n’est pas du cinéma

La sécurité ce n’est pas du cinéma 1

Les images se suivent et se ressemblent pour que rien ne change. Tel pourrait être le résumé de la descente du ministre de la sécurité publique en compagnie du directeur général de la police nationale sur le site de l’ancien marché de Dembé où, se sont reconstitués des commerces et en même temps des nids de bandits. L’opération coup de poing du 20 mars dernier ne devrait être en vérité qu’une opération de routine : le travail de la police, c’est la protection des biens et des personnes. Pas besoin de caméras pour montrer que l’on travaille.

Surtout que deux sous-postes sont installés dans ce carré, des dizaines d’agents de renseignements et autres indics côtoient, voire coopèrent au jour le jour avec les braqueurs qui spolient les honnêtes citoyens.

Cette sortie des deux responsables de la sécurité décrédibilise plutôt l’Etat montrant que tout l’appareil sécuritaire en place ne fonctionne pas et qu’il faut des actions exceptionnelles pour donner l’impression d’enrayer un phénomène. En vérité, plus personne ne croit à ce jeu. La preuve, dès le lendemain, les pauvres hères qui tirent leur pitance grâce à des petites activités sur ce périmètre sont revenus en masse défiant en quelque sorte l’autorité de la police. Il y’a eu des tirs de grenades lacrymogènes, un mouvement de panique qui a permis aux petits voleurs de commettre des larcins puis plus rien. Dans quelques semaines, l’ancien marché de Dembé reprendra son train quotidien comme si rien ne s’était passé…
Ceci est l’illustration du mensonge politique au nom de la sécurité dont a usé le Maréchal et dont usent ses successeurs.

Comment comprendre que dans un pays où l’autorité politique en place utilise la sécurité comme moyen de légitimité, le vol à la tire, les agressions physiques, les assassinats sont le lot quotidien des populations ? Comment prendre au sérieux un gouvernement incapable de protéger des magistrats qui sont les arbitres du contrat social ? Faut-il croire au désarmement annoncé à grand renfort de publicité alors qu’on continue à enregistrer des massacres aux armes à feu dans nos villes et campagnes ?

Présenter des armes saisis et des malfrats qui, du reste bénéficient encore de la présomption d’innocence, ce n’est pas cela lutter contre l’insécurité. Dans un Etat qui se respecte, les forces de l’ordre enquêtent, traquent les délinquants, les interpellent et les mettent à la disposition du juge qui décide de leur sort. Mais quand le délinquant lui-même sait qu’il retrouvera la liberté dès le lendemain parce que ce mécanisme ne marche pas, il pouffe de rire en regardant les généraux se donner en spectacle devant les caméras.

La Rédaction