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Les élèves des écoles publiques étudient dans des conditions insalubres

Les élèves des écoles publiques étudient dans des conditions insalubres 1

Rareté des table-bancs, toilettes insalubres, point d’eau potable parfois inexistants, être élève dans un établissement public à N’Djaména n’est pas une sinécure.

Assis à même le sol pour certains, d’autres sur un morceau de natte, d’autres encore sur leurs chaussures, les élèves de la classe de Ce1 de l’école Ngabo chayib dans le 8e arrondissement, ont entamé leur classe du jour depuis deux heures déjà. La leçon du jour, la grammaire est copiée au tableau. Elle est recopiée sur les cahiers posée sur les genoux grâce à une gymnastique dont seuls les mômes ont le secret. A moins d’un trimestre, les couvertures des cahiers sont usées pour la plupart et les pages salis par la transpiration.

Soudain, l’élève Achta demande la permission à son enseignant pour aller aux toilettes. Au lieu de se diriger vers les toilettes sans portes, elle préfère l’arrière du bâtiment, plus couvert et transformé en toilettes pour le besoin de la cause. Sans se laver les mains, elle regagne la classe.

Pourtant, cette école publique compte quatre douches, deux pour les garçons et deux pour les filles, mais elles ne sont plus utilisables parce que insalubres explique la directrice Aché Mahamat. « Les gens du quartier viennent utiliser les douches de l’école sans les nettoyer. Même si on ferme à clef, ils viennent la nuit pour faire leur besoin en cassant le cadenas. Je suis fatiguée de renouveler les cadenas tout le temps » explique-t-elle.

Même scène à l’école Repos dans le 4e arrondissement. La proximité de l’établissement avec le marché Alfiya ne facilite pas l’entretien des infrastructures. « Pour 416 élèves inscrits, nous 12 douches mais seulement 4 sont utilisables dont 2 pour les enseignants et administrateurs. Les 2 autres douches sont à la disposition des élèves qui préfèrent déféquer dehors parce que l’intérieur des toilettes est très sale », explique la directrice de l’établissement. Il n’y a pas que les élèves qui utilisent ces toilettes. Les commerçants et les voyous qui errent dans le marché font aussi le mur pour utiliser les toilettes. « Aux heures où il n’y a pas cours, ils utilisent les salles de classe pour y fumer du cannabis. Quand on les surprend, ils nous menacent » ajoute l’enseignante.

A l’absence de tables bancs et le mauvais état de la plupart des sanitaires, il faut ajouter le manque de points d’eau. Il existe à peu près 211 points d’eau dans les 150 écoles publiques que compte la capitale tchadienne. Mais ceux-ci ne fonctionnent pas suite à des pannes ou ne sont pas alimentés pour cause de coupure.

Un grand risque pour les enfants. « Ils nous menacent, en pleine cours ils entrent en allant juste derrière les salles pour prendre les stupéfiants, la fumée de cannabis et autres nous mettent mal alaise avec nos élèves et enseignants », déplore la directrice de l’école repos A.

Cette situation fait que beaucoup de élèves sont exposés aux risques des maladies graves (typhoïde, choléra et les démangeaisons). Angèle, enseignante au Cp1 à l’école Chagoua I appelé aussi « école chin » pointe avec humour que « les enfants arrivent de chez propres et repartent sales. Pourtant, c’est à l’école que nous sommes censés leur apprendre l’hygiène ». Elle ajoute, « Ils sont assis à même le sol, se salissent les mains et pendant la récréation, ils partent directement chercher à manger sans se laver les mains. » Une de ses collègue ajoute, « On appelle école « chi (Ndrl ; déchets)», son nom même l’indique, regarder tout autour de la salle, il n’y a rien que des déchets qui pullulent. Même les voisins viennent la nuit pour accomplir leurs besoins à l’air libre, nous sommes explosés à toutes les maladies opportunistes », ajoute-t-elle.

Bien qu’informés sur l’importance de l’hygiène, certains élèves ont du mal à respecter ces règles. Le nettoyage des salles de classe n’est plus régulier. « On nous demande de la faire par banc, mais certains de nos camarades refusent et le maître ne contrôle pas toujours », explique Basile, assis au milieu de ses camarades dans une salle où on aperçoit plein de bouts de feuilles déchirés.

« C’est malheureusement la triste réalité de l’école publique aujourd’hui. Il n’y a pas que le niveau qui baisse, le cadre d’apprentissage aussi s’est beaucoup dégradé par la faute de nous enseignants et de l’Etat qui n’assure plus son rôle depuis un moment déjà », se désole un inspecteur pédagogique.

Makine Djama