Edito

Pour une transition réussie

Pour une transition réussie 1

Le conseil militaire de transition (Cmt) dit une chose et fait le contraire. Les actes posées ces derniers jours par le président du Cmt renforcent les sceptiques vis-à-vis de la junte. Il s’agit des actes de nominations à travers lesquelles ne se retrouvent que des proches à lui ou des fidèles ayant servi sous le régime de son père. La toile, véritable indicateur de l’état de l’opinion n’a pas tardé à s’emparer de la polémique qui repose la question de l’inclusion et de l’égalité de tous les Tchadiens. Les plus virulents n’ont pas tardé à suggérer une partition du pays pour faire justice aux exclus…
Pour de nombreux observateurs, cette situation illustre si besoin est, l’immensité de la tâche qui attends ceux qui se sont donné la mission de travailler pour une transition apaisée et inclusive. Le socle de la paix, c’est la justice et on attend de voir jusqu’où ira le garde des sceaux, Mahamat Ahmat Alhabo qui a fait montre de volontarisme dès sa nomination en demandant que tous les manifestants arrêtés soient relâchés s’ils n’ont rien commis de grave. Chose qui a eu pour conséquence de désengorger des prisons, déjà surpeuplés. Mais pour que les Tchadiens se remettent à croire à nouveau en la justice, il ne faudra pas que pendant cette transition, des meurtriers parviennent à narguer leurs victimes sous le prétexte d’une appartenance à la classe régnante.
Il importe pour le Cmt et le gouvernement qui indique dans son programme politique « apaiser les tensions communautaires et parvenir à une cohabitation pacifique » de changer de logiciel aussi bien dans la distribution du pouvoir que de la fortune publique pour que la colère qui continue de gronder se calme. En lieu et place des manifestations de rue, fortement réprimées, sont nées des mouvements d’humeur imprévisibles comme ceux qui ont coûté aux deux membres du gouvernement en charge de l’enseignement supérieur leurs véhicules de fonction.
Les Tchadiens ont besoin de transparence, de justice et d’équité pendant les dix-sept mois qui restent à la transition.
Le piège pour le gouvernement de transition, si tant est qu’il est sincère et veut entrer dans l’histoire, sera de vouloir opérer avec le même modus operandi que celui du régime précédent, à savoir noyauter les dynamiques de changement par le bâton ou la carotte.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le régime militaire, s’il tente de se maintenir au-delà des dix-huit mois ne fera que prolonger le supplice d’un Tchad agonisant, s’il ne lui porte pas le coup de grâce. L’histoire retiendra en ce moment que ceux qui ont succédé à Idriss Déby Itno n’auront pas su assurer la sécurité et l’intégrité territoriale comme ils l’ont indiqué.

La Rédaction