Edito

La paix est une construction politique

La paix est une construction politique 1

Nous ne croyions pas si bien dire en écrivant il y’a quelques semaines (voir Le Pays n°172 du 25 novembre au 1er décembre) que « la saison des massacres » allait commencer avec la fin de l’hivernage et le début des récoltes. La récente actualité nous donne raison. Rien que le temps d’un week-end, une soixantaine de compatriotes dans des scénarii qui se ressemblent à divers endroits sur le territoire ont trouvé la mort.

Ainsi, à Asinet, Doulbarite et Delbian, éleveurs et agriculteurs se sont affrontés et parfois, les forces de l’ordre sont intervenues tirant à balles réelles sur des populations qui manifestaient leurs frustrations.
La violence est le mode de gouvernance du système Déby ainsi que le décrit notre contributeur (Lire P3). Qu’il s’agisse de répondre à une manifestation étudiante, une grogne des travailleurs lésés ou un groupe qui conteste une décision des autorités, l’usage de la brutalité est la première option. Comme si les nombreuses formations et recyclages donnés aux forces de l’ordre en matière de gestion des manifestations ne leur sert à rien.
Dans un pays où, les conditions d’existence mettent le nerf à fleur de peau, où le nombre d’armes circulant en toute illégalité est impressionnant, où la propension à la violence est devenue une règle pour résoudre le moindre malentendu, parler de paix telle que le professe le gouvernement relève de la démagogie.
La paix n’est pas une absence de guerre comme le revendique le gouvernement avec la fameuse formule «la paix chèrement acquise». La paix est une construction politique dans une société dont le fondement est la justice sociale.
Comment parler de paix dans un pays où l’administration prend le parti d’une partie de la population contre une autre ? Comment parler de paix quand les balles, achetées avec l’argent du contribuable sert à entretenir l’injustice et la terreur ?
Nous sommes en état de paix armée et la violence dans les rapports ainsi qu’on l’a observé ces dernières semaines laissent penser que le Tchad est une cocotte-minute qui risque d’exploser un jour. On réalisera en ce moment que la ‘’paix chèrement acquise’’ ne valait pas le pesant qu’on a voulu lui donner. En ce moment-là, ce sera trop tard…

La Rédaction