Edito

Affaire Djérassem: gare au piège

Affaire Djérassem: gare au piège 1

De la salive, de l’encre et du clavier ont été usés depuis une semaine après l’interpellation puis le placement sous mandat de dépôt par un juge de la Cour Suprême de l’ancien ministre du pétrole et de l’énergie Djerassem Le Bémadjiel.
Sur les réseaux sociaux principalement, se sont affrontés les partisans ou soutiens de l’ancien ministre et ses détracteurs chacun y allant de sa passion, ses affirmations pas toujours prouvées. La politique côtoie l’économie pétrole, les sciences politiques disputant la place à la morale et au bon sens.
Il se dégage que l’ancien ingénieur de Schlumberger qui a un bilan plutôt élogieux pour sa gouvernance de nos hydrocarbures paye pour une certaine indépendance d’esprit à laquelle le système goûte très peu et que ses malheurs relèvent du délit de faciès. Pour dire les choses de manière nette : il a été jeté en prison parce qu’il est sara ! Combien de prédateurs connus et des repris de justice se la coulent douce parce qu’ils seraient soit proches géographiquement du chef, soit parce qu’ils l’ont fermé même quand ils n’ont pas été aux affaires.
Un tel argumentaire sent le piège dans lequel les auteurs de la cabale contre l’ancien ministre cherchent à entrainer les esprits moins éclairés. C’est d’ailleurs la même logique qui fait allusion de prétendues accointances avec le leader des Transformateurs Succès Masra dont, il est vrai, l’ancien ministre est un parent. Etre au gouvernement ou de la mouvance et avoir un parent dans l’opposition ou en rébellion n’a rien d’extraordinaire sinon le chef de l’Etat lui-même aurait exterminé nombre des siens au nom de cette logique qui est tout sauf Républicaine.
La seule et vraie bonne raison pour laquelle il faut défendre l’ancien ministre est l’usage malsain que fait le pouvoir (qu’il a du reste contribué à affermir) de l’appareil d’Etat et surtout la justice quand il s’agit de régler des comptes politiques. Le plus grave et nous n’avons eu de cesse de l’écrire, c’est qu’en la matière, on ne se préoccupe pas de la forme. De sorte que la majorité des affaires initiées par l’Inspection Générale d’Etat (Ige) et son ancêtre le ministère de la moralisation se sont terminés soit par des non-lieu ou de simples relaxes. Entre temps, des hauts fonctionnaires ont été traînés dans la boue, livrés à la vindicte populaire pour rien parce que la justice n’aura rien retenu contre eux.
Ce qu’il faut combattre, c’est ce système politique qui n’a point d’égard pour l’homme et sa dignité. Selon le décret qui le régit, l’Inspection Générale d’Etat ne poursuit qu’à la demande quasi expresse du chef de l’Etat. Pourquoi donc continuer à humilier des serviteurs de la nation dans des procédures qui ne rétablissent ni la fortune publique moins encore convainquent l’opinion sur la moindre volonté de mettre fin à la corruption ? C’est envoyer le message aux bonnes volontés que dans ce système, il faut quelle que soit votre maestria s’apprêter à se vautrer dans la boue.

La Rédaction