Edito

Edito N°031

Edito N°031 1

A Monseigneur Djitangar

Nommé le 20 août 2016 pour succéder à Monseigneur Mathias Ngartéri, décédé, le nouvel archevêque de N’Djaména a été installé dans ses fonctions  le samedi 15 octobre 2016 à la Paroisse Sacré cœur de Chagoua. L’intronisation de Monseigneur Edmond Djitangar intervient dans un contexte socioéconomique assez délétère. 

Cependant, au-delà de toute élévation, cette nouvelle mission pastorale délicate qu’hérite ce serviteur de Dieu revêt un double  caractère. D’une part, il a la lourde responsabilité  de redorer l’image de la communauté chrétienne  ternie par des comportements peu loyaux auxquels se livrent régulièrement les fidèles qui se laissent assez souvent gagner par la facilité et la richesse du monde au lieu de jouer véritablement leur rôle de « sel et lumière du monde »  comme le recommandent les Ecritures. De l’autre, il doit véritablement jouer sa partition dans la sphère politique du pays telle que l’exige sa fonction dans un pays où la communauté catholique est une des plus importantes.  Pour ce faire, il ne doit pas simplement servir de faire valoir mais doit guider les politiques sur le bon chemin. Celui de la justice, de l’égalité, de la transparence dans la gestion des deniers publics, de la tolérance et de l’équité. Car, comme les fidèles, les dirigeants ont également besoin d’être enseignés, au mieux être rappelés à l’ordre dans leur marche de tous les jours.

Ainsi, la tête de l’église catholique au Tchad doit, pour cela, ne pas céder à la tentation, les intimidations mois encore à la corruption ou à des pressions de tout genre et assumer pleinement cette délicate mission que Dieu lui a confié. Entre autre, prévenir les dirigeants sur les dérives éventuelles pour dénoncer les exactions et violations des droits de l’homme, être le porte-parole des opprimés, de la veuve et l’orphelin.

L’intervention du religieux dans les activités politiques a toujours contribué à l’instauration de la justice, à la cohésion sociale dans de nombreux pays. A travers le monde, les religieux ont toujours, par leurs interventions dans la gestion des affaires politiques, influencés positivement le développement économique et l’encrage de la démocratie.

Au Tchad, malheureusement cela n’est pas le cas. Cet engagement politique dont font souvent montre les leaders religieux sous certains tropiques manque véritablement aux « bergers » tchadiens qui préfèrent amadouer des acteurs politiques que de les interpeller sur leur rôle véritable, celui de gérer convenablement la cité.

Bien plus que les concerts de prières, organisés régulièrement pour implorer soit la paix de Dieu sur la nation, soit la miséricorde du Tout puissant sur les dirigeants, nos leaders religieux tchadiens doivent avoir le courage de dire la vérité aux dirigeants pour les amener à revisiter leur gestion de la cité. C’est à cela aussi que Dieu les a choisis pour les confier la direction de ses enfants. C’est également ce que les fidèles attendent d’eux.

On espère bien que Monseigneur Edmond Djitangar dont les qualités d’homme intègre et soucieux de la justice, de la valeur humaine, reconnues par les chrétiens catholiques et des observateurs du milieu épiscopal lui ont valu des fonctions au niveau de saint siège, pourra apporter une nouvelle dynamique dans le rang de l’église que l’on entend rarement quand la nation est en difficulté.

L’Union des cadres chrétiens du Tchad qui devrait être la conscience morale de la société au vu des nombreux cadres qu’elle compte dans ses rangs, s’est elle aussi embourbée dans le marigot politique et est devenu aphone.

Il est d’autant plus vrai que le pouvoir est une émanation de Dieu mais il est également certain que c’est Dieu qui vous a placé à la tête de sa communauté afin d’aider ceux à qui il a confié le pouvoir de bien l’exercer.

La Rédaction