Edito

Ne nous mentons pas

Ne nous mentons pas 1

La publication sur les réseaux sociaux d’un acte portant recrutement dans les effectifs de la douane ce week-end a remis à l’ordre du jour un débat vieux de plus de quarante ans, mais hélas toujours mal mené quand il n’est pas complètement dévoyé. Sur la liste des recrues, certains y ont vu une injustice criarde parce que la grande majorité porte un nom à consonance musulmane donc « nordiste ». Il n’en a pas fallu plus pour que le réseau bleu s’embrase dans l’abject dialectique sud-chrétien versus nord-musulman avec un argumentaire qui témoigne du niveau d’éducation et de culture des débateurs qui sont censés représenter l’élite du pays.

Au-delà du factuel qu’est ce sentiment d’injustice, le débat autour des effectifs des nouvelles recrues à la douane démontre si besoin est, que l’histoire politique récente du Tchad, pas encore ou mal rendue, bégaie avec les mêmes erreurs. Le sentiment d’injustice et d’exclusion exprimé par certains est le même qui prévalait et qui a servi de carburant aux soubresauts ayant conduit à la déchirure du pays. Les réseaux sociaux étant le seul espace de liberté qui reste, il faut les appréhender comme la jauge d’une partie de l’opinion, minime mais pas moins représentative de la population.

Qu’il y’a de l’injustice au Tchad, c’est un fait. Que les nominations et promotions sont basés sur des critères non objectif est aussi une réalité. Personne ne peut nous objecter le fait qu’aujourd’hui, même la carte du parti au pouvoir ne suffit plus. Quand on n’est pas bien ancré, il faut faire montre d’activisme à la fondation Grand cœur pour espérer un décret, une nomination. Les diplômes et l’expérience ne suffisent plus. Telle est la triste réalité du Tchad aujourd’hui. C’est pourquoi, le dénoncer n’est ni un manque d’amour pour son pays, ni une volonté de le voir sombrer.

Ce qui doit changer, c’est le mode de gouvernance qui ne se préoccupe plus du semblant de consensus qui voudrait que tous les fils du pays soient associés dans la gestion de la chose publique. Cette pratique, intégrée dans notre inconscient collectif pousse à scruter les listes à chaque nomination sur la base du logiciel ethnique et religieux.

C’est là que se trouve l’échec du système Déby qui n’a pas réussi en trente ans à créer le sentiment d’appartenance à un pays. S’en prendre à ceux qui dénoncent le favoritisme et l’exclusion, c’est prendre le problème par le mauvais bout. Il faut revenir aux valeurs républicaines qui sont l’égalité de tous. Sans quoi, l’injustice créera le désordre et le désordre inévitablement la violence. Ne pas l’admettre c’est se mentir à soit même.

La Rédaction