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Du fourrage vert hydroponique pour les éleveurs du Lac

Du fourrage vert hydroponique pour les éleveurs du Lac 1

L’ONG Oxfam a lancé le 25 juillet 2019, la phase de production de fourrage vert hydroponique, une technique innovante qui vise à améliorer le revenu des groupements d’exploitants des sites maraîchers et des éleveurs dans la Sous-préfecture de Daboua dans la province du Lac.
L’hydroponie est une technique de fourrage vert hors sols mise en œuvre dans des régions arides où le pâturage est rare pendant une grande partie de l’année.
Oxfam Tchad, grâce au financement du Royaume de Belgique met en œuvre ce projet au profit de 400 bénéficiaires dans 8 sites de personnes déplacées, retournées et ménages hôtes de Chebrey, Moundi, Yarom, Loudjia, Djilkori, Tataverom, Toukoul et Djaouné dans la Sous-préfecture de Daboua. Ces bénéficiaires sont issus des ménages pauvres et très pauvres possédant au minimum deux petits ruminants, repartis dans de groupements mixtes ou féminins constitués d’environ 20 personnes chacun. Le projet est une réponse aux demandes des bénéficiaires et a pour objectif d’améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la résilience économique des ménages dans la province du Lac, de renforcer l’impact de l’aide humanitaire sur la sécurité alimentaire grâce au système de production hydroponique de fourrage vert.

Comment produit-on le fourrage vert hydroponique ?

La production hydroponique, est un système simple qui se fait à travers un cycle de 1 à 9 jours dans les coupoles. D’après Dossouna Jacob, technicien agricole à Oxfam, cette technique requiert 9 étapes. La première consiste à nettoyer les graines de blé, la seconde est la pesée. Vient ensuite la mise sur des plateaux d’une capacité de 850g de semences chacun. La quatrième étape est le lavage des graines avec de l’eau tout en désinfectant les plateaux à l’eau de javel. A la cinquième étape, les graines sont imbibées dans l’eau contenue dans un récipient pendant 24heures. C’est l’étape de la pré-germination. Passées 24heures, les graines sont retirées de l’eau et mises dans de bassines couvertes d’un tissu pendant 24heures. Ici, il est question de lever la dormance des graines pour qu’elles poussent. Au troisième jour, les graines sont remises sur les plateaux et arrosées trois fois par jour jusqu’à la maturation. Parallèlement à l’arrosage, un suivi régulier est assuré tous les jours jusqu’au neuvième jour qui est le jour de maturité pour une récolte du fourrage vert.
Le fourrage vert ainsi récolté est pesé et mis sous le soleil pendant une heure avant de de servir aux petits ruminants pour leur alimentation. Avec des coupons distribués au préalable, les éleveurs achètent le fourrage vert produit pour leurs animaux. Les ruminants qui sont nourris de ce fourrage prennent de l’embonpoint et produisent par conséquent du lait en quantité et sont susceptibles d’être vendus à un bon prix. En somme, tout cela permet d’accroitre la sécurité alimentaire ainsi que le revenu des ménages vulnérables et accroitre leur pouvoir économique.

Vers une appropriation et un partenariat fructueux

La durée du projet est de 12 mois et s’étend de novembre 2018 à novembre 2019. Dans la mise en œuvre du projet, Oxfam au Tchad implique les services techniques de l’Etat, notamment l’ANADER (Agence nationale de développement rural) ainsi que les services du ministère de l’Elevage. Aussi, dans le souci de renforcer les capacités des ONG nationales, Oxfam établi un partenariat avec Solidarités Régional depuis 2018. Cette ONG est présente à travers ses équipes dans l’accompagnement des bénéficiaires. Le projet intitulé « la production hydroponique comme intervention humanitaire innovante dans un contexte de crises alimentaires récurrentes au sahel » est mis en œuvre aussi bien dans la Province du Lac au Tchad que dans la région de Diffa au Niger à cause des similitudes agro-géographiques et climatiques. Des projets de production hydroponique ont été mis en œuvre au sud de l’Algérie ou les conditions agro-climatiques sont identiques à celles des deux pays cités ci-dessus. Le projet actuel s’inspire fortement de l’expérience algérienne.

Fakeugnba Kédaï Edith, de retour de Daboua