Edito

Abali la pagaille

Abali la pagaille 1

« Il est de ceux qui ont bien compris le fonctionnement du chef. Le pousser à prendre une décision pour en profiter». Telle est l’analyse d’un bon connaisseur du système au sujet du ministre de l’Administration territoriale, de la Sécurité publique et de la Gouvernance locale, Mahamat Abali Salah, inspirateur la semaine dernière, d’un arrêté nommant des responsables dans les commissariats de la capitale pour dit-il les vider des «commissaires analphabètes».
A la lecture de l’acte qui est signé par le directeur général de la police, les connaisseurs ont souri. Sur la liste des promus du 17 juin, très peu de vrais professionnels et beaucoup de copains et coquins. Plus grave, parmi les promus se trouvent d’autres analphabètes et semi-lettrés qui ne redoreront assurément pas le blason de la police.
Ce faisant, le ministre qui ne montre lui-même pas un grand niveau d’instruction, vu son faible niveau d’expression, biaise la question. Ce qui a suscité le coup de balai dans les commissariats, c’est le meurtre de citoyens par des policiers. Si dans le premier cas, les responsables n’ont pas été inquiété, le commissaire du Csp 7 et ses complices ont été condamnés par la justice et radiés des effectifs de la police. Le problème à résoudre c’est de mettre fin à cette propension à la violence chez les forces de l’ordre et non pas placer ses amis. Or c’est ce à quoi s’est livré le ministre comme il l’a fait dans d’autres directions de la Police nationale où on a vu apparaître des postes d’assistants qui n’existent pas dans l’organigramme de la Police nationale. On nage dans le népotisme…
Les deux responsables des organes en charge du recensement électoral et de l’émission des cartes ont aussi fait les frais de la propension du ministre à placer les siens partout où il passa. Si Mme Ehemir n’a pu retrouver son poste à l’Agence national des titres sécurisés, Issa Adjidei lui a pu revenir au bureau permanent des élections grâce à l’opiniâtreté de Mahamat Zene Bada qui a sollicité l’arbitrage du chef de l’Etat. Le motif avancé pour s’en prendre à ces deux cadres : ils sont de la même région que le SG du Mps. Telle est la gouvernance chez le ministre Abali. Et pas lui seulement mais dans le système où il évolue.
Pour revenir à la police, on attend de voir ce qu’en diront les partenaires qui financent à coup de milliards de francs Cfa le renforcement des capacités des forces de sécurité intérieures allant jusqu’à les doter d’un code d’éthique et de déontologie. A quoi ont servi ces sommes quand on sait que les forces de l’ordre se disent incapables d’encadrer de simples manifestations ou respecter les droits de l’homme dans leurs interventions quotidiennes ? C’est à ces questions que le premier flic est appelé à répondre. Ce qu’il fait s’appelle semer la pagaille.

La Rédaction