Edito

Edito N°014

Vous avez dit audit ?

C’est le temps des effets d’annonces. Des mots forts pour frapper l’esprit de l’opinion et donner aux commentateurs avisés ou pas de quoi alimenter les conversations autour de verres de bières et de thé.

C’est l’exercice auquel s’est livré le chef de l’état le 15 mai dernier à Goz-Beida. Profitant du lancement de la campagne agricole, le chef de l’état a annoncé ce qu’on pourrait appeler ébauche de ce qui sera l’agenda des prochaines semaines voire le début du quinquennat.

Selon le président de la République, «un audit de la gestion de ces secteurs durant les cinq dernières années sera mené pour évaluer les résultats obtenus eu égard à l’ampleur des ressources mobilisées. Cet audit s’impose d’ailleurs à tous les départements ministériels et aux divers fonds comme le fonds national d’appui à la jeunesse et le fonds national du développement du sport… Les conclusions de cet exercice d’audit à l’échelle nationale nous édifieront suffisamment sur la manière, la conduite et la gestion de la chose publique et surtout d’envisager le nouveau quinquennat sous un autre prisme. La gestion axée sur les résultats, la performance, la rigueur et la transparence doivent être au centre des préoccupations ».

L’annonce serait à applaudir si elle n’avait pas des airs de déjà entendu et ce faisant, le président de la République donne raison à la critique qui n’a eu de cesse de rappeler depuis cinq ans que la politique de mécanisation de l’Agriculture est mal menée, que le fond national de développement du sport sert à engraisser les fonctionnaires et non affiner les athlètes, que les projets financés par le fond national d’appui à la jeunesse ont abouti rarement à des succes story…

La même critique a commencé à rappeler qu’il y’a eu en 1996 «la kermesse du désordre est terminée » en 2001 «impunité : je n’ai jamais couvert personne» en 2015 «s’il vous plait arrêtez de voler». C’est à croire que les prêches du chef de l’état sonnent dans un désert faute de justice efficiente. Combien sont-ils ces délinquants appréhendés, poursuivis et parfois condamnés par la justice qui ont connu la joie de la rédemption? Leur liste remplirait des volumes entiers.   

Le ministère de la moralisation ayant montré ses limites, la plupart des poursuites qu’il a engagées s’étant achevée par des non-lieux. C’est désormais vers l’Inspection Générale d’Etat (IGE) que les regards sont tournés pour donner force à la parole présidentielle. Pour que l’audit ne serve pas seulement aux règlements de compte mais à une amélioration de la gestion de la chose publique.

La Rédaction