Edito

Edito N°070

Edito N°070 1

Au Tchad, le  travail a perdu sa valeur

Dans leur traditionnel message de noël, les évêques du Tchad ne sont pas passés par le dos de la cuillère pour dénoncer les maux qui minent la société tchadienne et empêchent le développement socio-économique et la paix de notre pays. Parmi ces problèmes, il y a la question du travail, fondement du développement économique d’une société. 

Le travail libère l’homme des vices, dit-on. C’est malheureusement  le contraire que nous constatons  au Tchad.  La valeur du travail n’est pas perçue par la majeure partie de la population. Si certains travaillent dur pour réussir, d’autres  préfèrent exploiter les autres ou profiter des fruits du travail de leurs concitoyens. Personne ne veut travailler mais tout le monde veut devenir riche par quelque  moyen que ce soit. Cette situation est perceptible surtout dans le service public où le vice a atteint un tel niveau qu’il faut payer les gens ce pour lequel ils sont payés. « Nous constatons dans notre société un développement de la paresse, du manque d’initiative et d’esprit de créativité et une oisiveté qui affaiblissent la production économique », relèvent les évêques  dans le message de la conférence épiscopale.

Pour les évêques, cette pratique  opprime le pauvre et tue l’économie nationale. Plus grave, les auteurs de détournements avérés ne sont pas inquiétés au de-là  de la simple poursuite judiciaire qui se termine en général par un non-lieu. Après, l’auteur du forfait peut jouir à volonté du produit de sa rapine. C’est le genre d’individu  qui est devenu la figure de réussite aux yeux de nombreux jeunes.

Dans la fonction publique, seule le bénéficiaire d’une promotion se sent obligé de travailler. Aujourd’hui, la République paye des milliers de travailleurs a ne rien faire. Pas par leur faute mais parce que non utilisée par leur hiérarchie. La crise financière est venue en rajouter. Dans certains bureaux, on ne travaille plus depuis plusieurs mois simplement parce qu’il n’ya plus de feuille ou d’encre.

Les grandes puissances du monde ont construit leur pays par le travail surtout le travail bien fait, fondé sur  certaines valeurs. Il s’agit de l’honnêteté, la transparence, la bonne gouvernance et la compétence.  Seules ces valeurs pourront changer la vie socio-économique d’un Etat. Ce ne sont pas des discours fallacieux  tels que « je vous exhorte au travail bien fait », « arrêtez de voler » qui vont sortir le pays de l’ornière. Il faut inculquer la valeur du travail en développant l’esprit citoyen chez nos concitoyens pour développer notre pays.  Si le pays continue à être cité parmi les pays les plus pauvres de la planète, c’est parce que nous ne connaissons pas encore la valeur du travail. Il appartient à l’Etat, la famille et les institutions de multiplier des efforts pour amener toute la population à travailler et non à voler les deniers publics.

La Rédaction