Edito

Mahamat et le passif d’Idriss

Mahamat et le passif d’Idriss 1

Deux ans déjà que par le hasard de l’histoire, Mahamat Idriss Déby Itno s’est retrouvé président de fait. Alors que tout le monde imaginait le pire pour le Tchad à la mort de l’autocrate qui l’a dirigé d’une main de fer pendant plus de trente ans, il n’en a été rien. Ce qui a fait croire aux plus optimistes que le pire a été évité. En vérité, il n’a qu’été ajourné et les évènements qui se succèdent depuis deux ans confortent l’analyse selon laquelle, le Tchad laissé par le Maréchal Déby sera non seulement ingouvernable mais plus détruit qu’il ne le parait.

A commencer par la personne de son capitaine. Incarnation de la succession dynastique validée par la France, Mahamat Idriss Déby est le fruit d’un système au sein duquel, aucune limite n’a été imposée au prince. Là où son défunt père prenait des gants, lui il y va franco, sans aucun soucis du qu’en dira-t-on. La défiance est d’autant plus élevée que contrairement au règne de Idriss où la parole publique s’est relativement bridée, le sien est marquée par une impertinence qui n’a d’égal que le niveau du ras-le-bol de la population. En témoigne les commentaires sous ses posts sur les réseaux sociaux.

Un dirigeant ayant le sens de l’Etat et de l’intérêt général aurait pu prendre la mesure de l’impopularité de sa gouvernance et le niveau du rejet pour s’ajuster. Que nenni ! En réponse à la clameur populaire, il a préféré ramener auprès de lui Idriss Youssouf Boy, auteur d’un détournement estimé en milliards de Fcfa, continué à signer des décrets qui consacrent l’exclusion, bref perpétrer un système dont lui-même est le produit.

Et lorsqu’on l’entend déplorer le repli identitaire et affirmer sa volonté de bâtir un pays uni, on est tenté de se demander si lui-même comprend le sens de ce que ses services lui ont pondu ? Le Tchad dont a hérité le fils du Maréchal est déjà un pays exsangue. Sa conduite durant ces deux dernières années montre qu’il est sur un très mauvais virage. Au rythme où on avance, il est fort probable qu’un jour, l’histoire retienne que sur ce territoire vécut un homme qui a passé trois décennies à détruire son pays et son fils est venu parachever l’œuvre de sape en massacrant par centaine des Tchadiens dès les premiers jours de son règne.

La Rédaction