Edito

Pour un Hirak féminin

Pour un Hirak féminin 1

Ainsi, la vague d’indignation suscitée par la série d’assassinats précédée de viols est retombée. On entendra de moins en moins parler de Mopi Célestine et Djimadji Louise, violées puis assassinées dans les mêmes parages par des brigands.

Et les femmes vont entrer dans la célébration de la Semaine nationale de la femme tchadienne (Senafet) qui sera clôturée par la journée internationale de la femme (Jif) comme si de rien n’était. Les menaces et promesses se sont limitées aux réseaux sociaux et puis la vie a repris son cours normal. Cette fois-ci, l’adage selon lequel «quand la femme se fâche…» n’a pas été démontré en dehors de quelques communiqués et messages de protestations à travers les médias et les réseaux sociaux.

Il faut le reconnaître, nos sœurs, épouses et mères sont à l’image de notre société atteinte par la désarticulation systématique à laquelle le pouvoir s’est attelé à annihiler toute velléité contestataire.

Pourtant, les femmes l’ont reconnu et rappelé lors des débats marquant les 30 ans de cette célébration. Elles ont toujours été dupées et leurs recommandations et les promesses qui s’en sont suivies n’ont que rarement été honorées.

Le leadership de la gente féminine a-t-il changé ou s’est-il dégradé au point de plus ressembler à celui des années 1990 voire 2000 qui défiait la police pour revendiquer qui, le paiement des salaires, qui le vote des Tchadiens confisqué comme ce fut le cas un jour de juin 2001? Surtout que des motifs pour sortir dans la rue ne manquent pas.

Dans la rue et les marchés, ce sont surtout elles qui payent l’incapacité de l’Etat à assurer la sécurité des biens et des personnes.

Dans les hôpitaux, ce sont elles et leurs progénitures qui payent le plus lourd tribu de l’incapacité de l’Etat à rendre disponible les médicaments pour des soins de santé primaire au point où un simple paludisme, l’approche d’une naissance les rapprochent du couloir de la mort.

Ce sont toujours elles qui dans les foyers subissent en silence le poids de la pauvreté causé par la baisse des revenus alors que les prix des denrées ne cessent de flamber.

Voilà autant de raisons qui devraient inciter à faire du mois de mars, un mois de Hirak (manifestations) pour réclamer, au-delà de la parité qui reste, de notre point de vue, une vue de l’esprit, de justice sociale, d’équité, de meilleures conditions d’études pour leurs progénitures et d’hôpitaux qui ne ressemblent pas à des mouroirs. C’est le vrai combat qui vaut la peine au-delà du pagne et qui fera des tchadiennes de dignes descendantes de Kelou.

La Rédaction