Edito

Tôt ou tard, cela finira par arriver

Tôt ou tard, cela finira par arriver 1

Deux évènements, indépendants l’un de l’autre marquent l’actualité de ces jours. La signature d’un accord entre les représentants du gouvernement et le comité d’autodéfense de Miski et la gestion des suites de l’assassinat par la protection du président de l’Assemblée nationale (Pan) du conducteur de mototaxi Mateyan Bonheur. Deux évènements qui n’ont rien de commun mais qui traduisent à merveille comment ceux qui gouvernent le Tchad fonctionnent.

Pour avoir l’issue qu’on connait à la crise qui les oppose au gouvernement depuis une année, les populations de Miski ont dû prendre les armes, résister à plusieurs offensives gouvernementales, repoussé des tentatives de retournement et de corruption pour obliger le pouvoir à négocier. Même si les tractations ne sont pas entièrement finies au moment où ces lignes sont écrites, on notera que les toubous ont su défendre pied à pied leur terroir, leur dignité face à un pouvoir qui n’avait, au début que la logique de la violence. Leurs compatriotes de l’autre bout du territoire qui avaient tenté la même chose au nom du pétrole n’ont pas eu la même fortune. Les deux rébellions du sud du pays se sont achevées par des défaites militaires et vingt ans après, on est obligés de se rendre à l’évidence que l’aventure pétrolière n’a pas été pour le bien des populations du bassin de Doba, n’en déplaise à ces intellectuels brillants mais non-vertueux qui ont soutenu face au seul Yorongar l’exploitation de l’or noir pour leurs seuls intérêts.

Le second évènement qui est encore en cours et ne permet donc pas à l’analyste de tirer des conclusions définitives mais qui interpelle est la gestion des suites de l’affaire Mateyan Bonheur, tué par le cortège du président de l’Assemblée nationale, Haroun Kabadi. Même s’il faut regretter une certaine exagération dans les propos des compatriotes qui chargeaient sa barque, il faut aussi admettre que le Pan n’a jamais eu une bonne quote dans l’opinion depuis qu’il a publiquement assumé en tant que ministre de la communication, le massacre de ses corégionaires après l’entrée en rébellion du Dr Nahor ou encore son implication dans le détournement des fonds publics destinés à l’impression des manuels scolaires. Ce qui est à reprocher à Kabadi dans cette crise qui n’a pas encore eu son dénouement, c’est la distance et l’absence de compassion qui l’ont marqué. Manifestement, l’homme avait fait une fixation sur l’instrumentalisation du drame oubliant que lui-même n’a rien pour désamorcer un incident qui ne nécessitait pas grand effort de sa part. Aujourd’hui, Haroun Kabadi a fait un bond dans le barème du désamour des Tchadiens qui ne le portaient pas déjà en grande estime. Ce faisant, il incarne le visage du système dont il est la deuxième personnalité et qui n’a que du mépris pour la population qui est censée l’avoir élu et pour le bien duquel il exerce.

C’est pourquoi, la leçon de Miski doit être un précédent. Cet éditorial n’est pas un appel à la rébellion mais plutôt une invitation à la résistance. Quand l’arbitraire dure, tôt ou tard, le peuple voudra du changement et cela finira par arriver.

La Rédaction