Il y a deux ans jour pour jour ce 03 novembre 2025, Succès Masra, leader du parti Les Transformateurs, est rentré d’exil à la faveur de l’accord de Kinshasa, signé entre l’opposition tchadienne et le gouvernement de transition en son temps. Ce texte, salué par la communauté internationale en l’occurrence le président Félix Tshisekedi, visait à rétablir la confiance entre les acteurs politiques et à ouvrir la voie à des élections inclusives. Dr Succès Masra, nommé Premier ministre en janvier 2024, incarnait alors l’espoir d’un dialogue national sincère et d’une alternance démocratique.
Mais cet espoir s’est effondré le 16 mai 2025, lorsque le leader du parti Les Transformateurs a été arrêté à son domicile à N’Djamena, accusé de complicité d’assassinat et d’incitation à la haine dans un conflit intercommunautaire survenu à Mandakao dans la partie méridionale du Pays faisant plus de 40 morts. En août, il a été condamné à 20 ans de prison avec une lourde amende d’un milliard de frs CFA. Ce n’est pas depuis, son état de santé inquiète ses proches et ses partisans, qui réclament son évacuation sanitaire urgente mais le pouvoir fait sourde oreille en démentant l’information par la voix de son porte-parole pour dire que Masra se porte bien. Cette détention prolongée, dans des conditions jugées préoccupantes, ravive les tensions et remet en cause les engagements pris dans l’accord de Kinshasa.
L’accord, qui devait garantir la participation équitable de toutes les forces politiques au processus électoral, semble aujourd’hui en réalité vidé de sa substance. Les Transformateurs dénoncent une répression ciblée et une instrumentalisation de la justice pour écarter les voix dissidentes. Lors de son procès, Masra lui-même a évoqué les accords de Kinshasa et de Toumaï, rappelant leur importance pour la stabilité du pays. Pourtant, aucune instance officielle n’a réagi publiquement à cette remise en question de l’accord.
L’arrestation de Masra et le silence des autorités sur l’avenir de l’accord de Kinshasa soulèvent de sérieuses interrogations. Le climat politique se durcit, et les appels à une transition inclusive se heurtent à une réalité de plus en plus autoritaire. Le sort de Masra, emblématique de cette fracture, pourrait bien déterminer la crédibilité du processus démocratique au Tchad.
OM



