Edito

Une République ingrate

Une République ingrate 1

Ainsi, Ahmat Mahamat Bâchir aura été la personnalité de plus à subir l’humiliante épreuve du refus d’embarquer à laquelle ont été soumis des anciens Premiers Ministres, membres du gouvernement et autres hauts commis de l’Etat. L’explication, une tentative de maîtriser la circulation anarchique des documents de voyages, passeports diplomatiques pour la plupart que beaucoup détiennent en toute illégalité.

La mesure, prise suite au Travelband, une décision des Etats-Unis interdisant l’entrée sur le territoire américain aux ressortissants tchadiens en raison de la mauvaise gestion des documents de voyage et du fichier d’état-civil.
Mais fallait-il pour cela user de méthodes dignes de dictatures à l’endroit de citoyens qui comme l’ancien ministre de l’intérieur ont mis de côté, réserve et mesure, pour servir un régime dont les carences sont si notoires? «Cela n’arrive pas qu’aux autres» serait-on tenté de dire au sujet du «casseur de plumes». Mais au-delà de sa personne, l’exigence d’une autorisation expresse pour quitter le territoire est de la coercition et un aveu de fébrilité qui ne peut que desservir l’image et la respectabilité du pouvoir.

Dans un pays respectueux de ses cadres, le renouvellement du passeport diplomatique pour ceux qui ont cessé d’exercer doit être automatisé de sorte qu’ils n’aient pas à subir l’irrévérence de ceux qui leurs ouvraient quelques mois, voire quelques semaines auparavant les portes des salons du même aéroport.

Les cas cités sont à mettre dans le même panier que le sort de ces soldats partis en opération à qui on refuse leurs soldes, de ces retraités qui ont travaillé toute leur vie et sont obligés de battre le pavé pour toucher à leurs maigres pensions. La liste est longue et ne pourrait être exhaustive dans le cadre de ce texte.
L’inconvénient, c’est qu’il renforce le sentiment de servir une République ingrate qui ne reconnaît pas le sacrifice de ses enfants. Et c’est le sentiment d’appartenance à la nation solidaire et égalitaire prônée par la Constitution qui en prend un coup.

La Rédaction