Edito

Lire Edito du N°020

«Paul, apprend-nous comment faire… »

La phrase est passée presque inaperçue. Citée dans les formalités d’usages dès les premières secondes du discours d’Idriss Déby Itno, président en exercice de l’Union Africaine. Elle dit ceci : « Je voudrais également saluer les progrès formidables accomplis par le Rwanda, sous le leadership de mon Frère Paul, en se relevant de l’une de pires tragédies que ce pays ait connues, le génocide de 1994».

Pour rappel, le Rwanda, petit pays d’Afrique de l’Est a connu en 1994, quatre ans après l’arrivée au pouvoir d’Idriss Déby, une des plus graves tragédies du 20ème siècle marquée par la mort d’un demi millions de sa population. Le drame sera qualifié de génocide.

22 ans après, ce pays a opéré une remontée formidable au point où les observateurs sont unanimes. Il s’agit d’un succès story. En une vingtaine d’années, l’espérance de vie est passée de 45 à 65 ans. Le taux de mortalité infantile a chuté de 70%, le revenu par tête a augmenté de 60%, plus d’un millions de rwandais sont sortis de la grande pauvreté, plus de 90% des enfants de moins de 12 ans sont scolarisés, la croissance annuelle de l’économie flirte avec les 7% et le Rwanda se positionne au deuxième rang au classement 2014 de doing business.

Plus besoin de schémas pour démontrer le bond qualitatif de ce pays qui certes, n’a eu ni la même histoire, moins encore les mêmes opportunités mais qui partage tout de même avec nous le qualificatif d’un «pays qui vient de loin».

On nous objectera aussi le fait que le Rwanda  a  connu une longue période de stabilité alors que le Tchad n’est véritablement sorti des soubresauts qu’il y a seulement six ans. Mais pendant ce temps, le pays n’était pas à l’arrêt et la décennie 2000 – 2010 est celle où notre pays a engrangé un maximum de ressources, continuant à construire des routes et salles de classe malgré la situation insurrectionnelle.

Certes, il y’a eu des progrès remarquables. D’un point de vue des indicateurs, il y’a eu des évolutions. Mais l’embellie est vite retombée au point où l’Etat Tchadien renonce, il y’a un an, à organiser le sommet de l’Union Africaine pour lequel de dizaines de milliards ont été dépensés. Aujourd’hui, les chantiers sont à l’arrêt et les édifices déjà achevés sont sous utilisés.

Aujourd’hui, le pays peine à assurer le plus élémentaire de ses obligations : payer les salaires. C’est bien là un constat d’échec et notre président aurait dû demander à «son frère et ami Paul» comment faire?

La Rédaction