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Revue de presse de la semaine du 18 au 24 février 2019

Revue de presse de la semaine du 18 au 24 février 2019 1

Revue de presse de la semaine du 18 au 24 février 2019

Le meeting de soutien au président de la République et aux forces de défense et de sécurité à la suite de la condamnation des bombardements de l’aviation française des colonnes des Pick-up de l’Union des forces de la résistance (Ufr) et le retour de la menace Boko Haram ont été les principaux sujets commentés par les journaux.

 

« Manifestations de soutien à Idriss Deby et aux forces de défense : entre harangues et discours martiaux », lance La Voix qui note que le meeting a été organisé dans une euphorie de la victoire. « Ce jour-là, une foule bigarrée prend d’assaut les dix-mille places du stade Idriss Mahamat Ouya », décrit l’hebdomadaire. Des milliers de militants et sympathisants du Mps et ceux de ses alliés sont venus dans le but de témoigner leur sympathie au président et aux forces de défense et de sécurité. « A la tribune, c’est un Idriss Deby Itno gonflé à bloc et sûr de ses muscles, mais ne maitrisant parfois pas ses émotions qui s’est présenté. Le verbe est très haut. Le ton est martial », ajoute La Voix qui relève par ailleurs que ce ne sont que des euphémismes. « Dormez ! Ne craignez rien », s’exclame Le Progrès en manchette. Pour le quotidien, le chef de l’Etat a reconnu avoir demandé, sans complexe, le soutien de la France. « Le président de la République française, Emmanuel Macron a accepté et nous avons mené conjointement les opérations aériennes qui ont détruit la colonne à 100% », rapporte-t-il. « Tchadiens, dormez tranquille », renchérit L’Info qui revient sur l’intervention du chef de l’Etat. « Les pseudos partis politiques démocratiques, les pseudos chefs d’associations de la société civile qui se coalisent avec les mercenaires et qui condamnent l’intervention de l’armée française aux côtés de l’armée tchadienne pour mettre en déroute ceux qui veulent verser votre sang, le sang des Tchadiens de tout le pays, nous ramener à la en arrière, tuer la démocratie, ceux-là ne méritent pas un égard quelconque à leur endroit », vocifère le président Deby qui prévient : « pour ce pays, j’ai versé mon propre sang. Mon propre sang j’ai versé pour le Tchad à trois reprises contre l’agresseur qui voulait manger le Tchad, qui voulait dominer le Tchad en son temps. Et aujourd’hui, je suis prêt à verser mon sang pour que le peuple tchadien vive en paix, dans la stabilité et construire l’avenir de notre jeunesse ».

« L’opposition n’est pas l’ennemi », tempère Abba Garde qui assure que Deby connait ceux qui mettent du sable dans son tapioca. « Ce sont ses proches parents engraissés par ses soins puis atteints par la trouille de subir le sort de Kadhafi si lui Deby venait à perdre le pouvoir. Ses ennemis sont aussi les civils de son entourage parachutés généraux et embourgeoisés, grâce aux biens publics et qui n’ambitionnent que d’occuper son fauteuil doré. Ce sont aussi ceux qui ont préféré remplir le stade Omnisports Idriss Mahamat Ouya d’élèves, à la place de leurs militants lors de son dernier meeting à l’allure ’’habreïste’’ », martèle-t-il. « Deby se trompe d’ennemis », martèle N’Djaména Hebdo qui rappelle que ce qui est retenir lors de ce meeting, ce sont les nostalgies de la pensée unique. « Ecoles, marchés, et administrations ont été contraints de fermer leurs portes. Les élèves ont été mobilisés de bonne heure au sein du stade omnisports Idriss Mahamat Ouya. Venus de différentes écoles de la capitale et encadrés par leurs chefs d’établissements, ils ont été amenés à jouer un rôle de figurants dans un film pittoresque dont le scénario a été écrit par un ’’comité de veille’’ créé quelques jours plus tôt », déplore-t-il.  N’Djaména Hebdo relève qu’au-delà de ce spectacle aussi scandaleux que honteux, c’est plus les menaces proférées par le président de la République et le chef de son parti qui amusent et répugnent. « Deby, Zène Bada et consorts, nostalgiques et l’air Habré dont ils étaient les principaux acteurs avant de retourner leurs fusils contre lui, veulent faire marcher les Tchadiens au pas. Si le Mps est une machine à penser unique où seule la parole de son président-fondateur vaut ukase, il n’en serait autant du Tchad », ajoute-t-il. « Le Mps se renie » tranche Le Pays pour qui, « à partir de ce mois de février, les militants du parti de Baminda, s’ils sont conséquents cesseront de revendiquer la paternité de la démocratie et de la liberté. La démocratie que prétend avoir apporté le parti à l’oriflamme guerrière n’aura été qu’un leurre parce qu’en son sein, il n’y a point eu d’élection mais des désignations qui ne tiennent au vouloir du président fondateur. C’est le même système qui est dupliqué dans la gestion de l’Etat », poursuit Le Pays qui, désabusé, conclut: « on se retrouve dans un pays avec un hyperprésident, disposant de tous les pouvoirs, comptable devant personne malgré la malgouvernance ambiante. Et surtout, il ne faut pas le dire, il ne faut pas le dire ». « La mort programmée de la démocratie tchadienne est prononcée », lance Alchahed qui poursuit : « au nom du sang versé par le président Idriss Deby à trois reprises, les Tchadiens mécontents sont traités de terroristes et mercenaires ». L’hebdomadaire bilingue de se demander : « si Deby qualifie ces Tchadiens mécontents de vouloir tuer la démocratie, que peut-on dire de ce qu’il instaure actuellement au Tchad avec la 4ème République ? N’est-ce pas, une autre manière de tuer la démocratie » ? Pour Alchahed, Idi et son parti doivent comprendre que  « la démocratie n’est pas synonyme d’avoir les mêmes courants de pensées mais plutôt la diversité d’idées et la contradiction ». « La dictature de fait », s’exclame Le Pays qui précise qu’on « aura beau organiser des meetings et des marches de soutien, remercier la France et traiter de tous les noms d’oiseaux tous ceux qui condamnent l’intervention française, la réalité, têtue nous rattrapera toujours. Bien que la situation sécuritaire semble s’être normalisée au Tchad, l’appel à l’aide de Deby à la France montre que l’armée tchadienne, souvent présentée comme une armée forte a aussi ses faiblesses. L’armée, présente sur plusieurs théâtres d’opérations est surmenée et certains soldats sont gagnés par une forme de démotivation », ajoute-t-il. « Pourquoi Deby a dû solliciter l’aide de la France », s’interroge La Voix qui répond : « l’armée tchadienne, rongée par des mécontentements, des désertions et de trahisons, y compris dans l’entourage du président serait plus que jamais pusillanime, mettant son chef suprême dos au mur ». L’hebdomadaire informe que la colonne qui a été décimée ne représenterait même pas 1/10 de la force rebelle et rien n’indique que de nouvelles incursions ne vont être tentées. « Et cette fois, rien n’indique aussi non plus que la France interviendra », ajoute-t-il. « La France divisée par son intervention au Tchad », informe N’Djaména Hebdo qui précise que le ministre français des affaires étrangères, Jean Yves Le Drian fait le parallèle avec l’intervention française au Mali en janvier 2013. « C’est la même démarche faite par le président (Dioncounda) Traoré en 2013. L’opération de déstabilisation du Tchad était engagée et nous avons répondu à la demande d’intervention du président Idriss Deby et empêché cette cinquantaine de pick-up du groupe armée de l’Ufr de pénétrer jusqu’à N’Djaména », rapporte-t-il. Mais pour N’Djaména Hebdo, les explications de Le Drian n’ont pas convaincu beaucoup d’élus français qui selon lui, se sont interrogés sur les vraies intentions de l’intervention de la France et ont dénoncé un ’’mélange de genres’’.

« Cinq éléments de Boko-Haram sont entrés à N’Djaména », lance Abba Garde qui assure que l’un d’eux a été arrêtés dans la matinée du lundi 18 février dernier. « L’homme affirme être un ancien vendeur de parfums à N’Djaména avant de regagner la secte. Muni de ses explosifs, il aurait affirmé que ces quatre autres compagnons sont dans la nature », ajoute le trimensuel qui appelle la population à doubler de diligence. « Un présumé Boko-Haram arrêté », renchérit Le Progrès qui précise qu’il s’agit de Ahmat Abdel-Wahab qui est venu du Lac-Tchad, pour selon lui, commettre probablement un attentat. Le Progrès annonce par ailleurs des attaques de la secte dans deux villages de Ngouboua et le rapt d’une dizaine de personnes. « D’après diverses sources, les éléments de Boko-Haram fuyant une contre-offensive de l’armée nigériane suite à l’attaque du village nigérien de Maïborti le 17 décembre 2018, se sont éparpillés dans le nord du Nigeria et une partie du Lac. Du côté tchadien, l’on signale que ces combattants de la secte nigériane auraient profité des mouvements des éléments de l’armée nationale tchadienne vers d’autres camps pour commettre leurs forfaits et disparaitre dans la nature », ajoute-t-il.

Stanyslas Asnan