Edito

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Le pétrole et nous

La mise en vente du brut de Doba en juillet 2003 a  permis au Tchad d’entrer dans le cercle des pays producteurs de pétrole. Aux premières heures de la mise sur le marché, le produit a rapporté plusieurs  milliards de dollars au Tchad. Ces sommes astronomiques générées par le pétrole ont aidé à construire  des écoles, des hôpitaux et centres de santé ainsi que des infrastructures routières. Certes des progrès significatifs sont enregistrés  dans certains domaines mais beaucoup reste encore à faire.

Plus de 10 ans après, le Tchad continue à croupir sous une misère au point où il est incapable d’honorer ses engagements dont la seule dette intérieure est estimée à plus de 1000 milliards francs.  Les fonctionnaires, retraités  et étudiants ne sont pas payés à terme échu et notre pays continuer â être cité encore parmi les pays les plus  pauvres au monde. Pourtant, le Tchad est devenu  pays exportateur du brut plus depuis plus de 10 ans.

Ce tableau funèbre de la vie socioéconomique du pays est la résultante de la mauvaise gouvernance, des détournements, des malversations chroniques et de l’impunité orchestrés et entretenus depuis les hautes sphères de l’Etat. Les velléités guerrières et interventionnistes de notre armée sur les théâtres extérieurs ne favorisent pas l’émergence du pays que les autorités clament à la moindre occasion.

Essoufflé par cette «crise financière», notre pays est incapable de rembourser les créances de Glencore qui l’a aidé à racheter les actifs  de Chevron dans le consortium de Doba et envisage désormais que la compagnie chinoise CPNC rachète à son tour ses dettes pour payer celle de Glencore. Nous subissons la conséquence d’une mauvaise politique financière et une gestion dénuée  de toute orthodoxie. Ce n’est pas la chute du prix de pétrole mais c’est plutôt la mauvaise gouvernance de nos dirigeants qui nous a entrainé dans ce marasme.

On pourra aussi reprocher à l’Etat tchadien de ne pas avoir été assez prévenant quant à la gestion du flux financier généré par le brut au moment où le prix du baril était au plus haut. En effet, contrairement à certains pays comme la Norvège, qui ont su créer des fonds d’épargne et des fonds d’investissement en vue de diversifier les sources nationales de leur revenus, l’Etat tchadien a volontairement éludé cet aspect de la chose. Au point d’utiliser les fonds destinés aux générations futures pour l’achat des armes au nom de la stabilité. Ce qu’on peut lui concéder mais aujourd’hui le Pays se trouve dans la situation de la cigale et le fourmi dans les Fables de la Fontaine.

Les principales sources de revenu qui étaient l’agriculture et l’élevage avant l’exploitation du pétrole ont été délaissées. La volte-face du pouvoir a été de placer le nouveau mandat du Chef de l’Etat sous le signe du ‘ »développement rural ». On aurait pu éviter ce retour en arrière, en investissant dès le début de l’exploitation de l’or noir sous la dynamique du développement des secteurs vitaux qu’étaient l’élevage et l’agriculture.

 

La Rédaction