Edito

Edito N°096

Edito N°096 1

Le faire semblant de Déby

Le président de la République Idriss Déby Itno a reçu lundi dernier les maires des différents arrondissements de N’Djaména avec à leur tête la maire de la commune de N’Djaména, Mme Mariam Djimet Ibet et le délégué général du gouvernement auprès de la commune de N’Djaména Adago Yacouba pour les sommer de mettre de l’ordre dans les municipalités qui sont devenues le terrain de jeu de politiciens avides de prébendes alors que ceux-ci devraient s’occuper à faire des 42 villes qui leurs sont confiés des endroits où il fait bon vivre.

L’éviction de la maire du 7ème arrondissement, Elsepa Akodmo est sans doute la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Acculée par ses conseillers municipaux, le troisième édile du 7ème arrondissement depuis les communales de 2012 s’est laissé aller à un commentaire qui illustre à plus d’un titre, l’état d’esprit et le pourquoi de l’engagement d’une grande partie du personnel politique en exercice actuellement. «Ils veulent manger et comme je ne donne pas, ils me combattent ».

Des propos qui ressemblent étrangement à ceux de plusieurs anciens édiles combattus et abattus par des conseillers qui avaient ‘’envie de manger’’. Un conseiller municipal, bien connu de la place s’est même vu attribuer le sobriquet de «tombeur de maire» tant ses dénonciations contre ceux qui ne le font pas manger ont fait tomber plus d’un maire à la mairie de N’Djaména. Et souvent, c’est au grand hôtel ou à la présidence de la République que le nom du futur maire est arrêté. Quand il s’agit des communes détenues par l’opposition comme Moundou ou Bébedjia, le conseil municipal est sous pression permanente, ses subventions retardées ou oubliées avec en sus des contrôles de gestion à tout va ! Telle est la réalité des conseils municipaux depuis 2012.   

D’où vienne-t-il que tout d’un coup, le chef de l’Etat se réveille pour déclarer derechef aux maires qu’il a convoqué ce 23 juillet 2018 que «la municipalité de N’Djaména a trop de problèmes. Ces problèmes n’honorent pas des responsables des communes que vous-êtes. Ce constat déplorable fait par vos propres administrés n’est aujourd’hui un secret pour personne. La situation dans les communes est identique et peu reluisante sinon pire ».

Dans l’absolu, Déby n’a pas tort. Mais là où il doit ravaler ses propos, c’est qu’il n’est en rien étranger à ce qui se passe. Non content d’avoir freiné de quatre fers la mise en œuvre du processus de décentralisation et donc, la cession des taxes aux communes, le chef de l’Etat qui a veillé à la répartition des strapontins est mal placé pour objecter de la sorte. Ce qui est à revoir, c’est le mode de gouvernance qui est le sien et le procédé dans le choix des hommes. Faire semblant de s’indigner comme il le fait, le met simplement hors sujet !   

La Redaction