Edito

Edito N°094

Edito N°094 1

Examens 2018 : on enterre l’école

Droit dans ses bottes, le gouvernement a réussi à organiser le Brevet d’enseignement fondamental (Bef). Du 16 au 21 juillet, 79 600 candidats toutes séries confondues vont composer dans 94 centres d’examens sur l’ensemble du territoire le baccalauréat.

«Au niveau du jury et de la direction des examens et concours, tout est fin prêt pour que les examens se déroulent dans de bonnes conditions. J’invite les candidats à se concentrer afin de relever le défi», a déclaré le président du juy du baccalauréat édition 2018, Djikoloum Benjamin qui remplace Bianzeube Tikri chargé de cette mission depuis plusieurs années. Le mouvement de grève du syndicat des enseignants du Tchad et du Syndicat national des enseignants-chercheurs du supérieur n’y fera donc rien. Les autorités en charge de l’éducation peuvent compter sur la loyauté des dissidents des différents syndicats des enseignants pour tenir leur pari : Organiser ce baccalauréat. 

Pourtant tout le monde sait que l’année scolaire 2017-2018 a été ponctuée de longues grèves des enseignants à cause de leurs primes d’examens, indemnités et les abattements de salaire. Il n’y a quasiment pas eu de cours dans les établissements publics. Le privé a aussi été affecté par le mouvement de grève même si la grande partie des programmes de cours est dispensée. Sur les 9 mois de l’année scolaire, les cours ne sont déroulés qu’en réalité que trois mois dans le secteur public. Malgré la stratégie mis en place par le gouvernement pour rattraper les heures perdues, les enseignants n’ont pas pu épuiser les horaires de cours prévus. Et les scénarii de rattrapage ont été plombés par les grèves qui ont repris deux mois seulement après la trêve du mois de mars 2018. Ce qui ne permet pas d’évaluer les élèves surtout ceux des classes d’examen. D’où le refus des syndicats de participer à cet examen.

 Comme le ridicule ne tue pas nos autorités, elles affirment pour des intérêts politiques que les cours dispensés atteignent la barre des 80% dans les écoles publiques et 100% dans le privé feignant d’ignorer la réalité. Ceci pour laver l’image de ‘’l’excellence et le secteur de priorité’’ devenu le refrain des ministres en charge de l’éducation. On ne peut cacher la lumière du soleil avec les mains. Il faut se le dire toute suite. L’organisation du bac de cette année est tout sauf un examen. Il est plus politique que pédagogique. Car tout est déployé pour donner de faux-airs malgré les perturbations qui ont jalonné l’année. Quelle sera la compétitivité de cette cuvée de bacheliers sur le marché sous régional voire international ? Quelle institution d’enseignement supérieur étrangère peut accepter d’accueillir ces bacheliers au rabais ? Et même s’ils étaient acceptés, quelles seraient leurs performances ?  

Face à ce qui mérite d’être appelé un drame scolaire, l’éducation tchadienne est entrain de descendre vers les abysses. Les véritables victimes sont les jeunes. Le développement d’un pays ne peut se faire sans une éducation de qualité. Et aucune jeunesse, quels que soient les moyens mis à sa disposition ne peut relever les défis de l’heure sans une politique éducative réelle.  L’assemblée nationale qui vient de terminer une enquête sur la situation du système éducatif aura-t-elle les moyens de le faire savoir au chef de l’Etat ? Et même si elle le faisait, quelle fera l’effet ? Encore une fois, il s’agit là de l’échec d’un système dont la gouvernance vise le pouvoir pour le pouvoir et non le bien-être du plus grand nombre. Pauvre Tchad !

La Rédaction