Edito

Edito du 0016

 

Tirer les leçons de nos guerres

 

Ainsi, pour la deuxième fois en deux ans, un contingent de 2000 hommes munis d’artilleries lourdes et des blindés a quitté le pays avec pour mission de traquer Boko haram dans la région de Diffa notamment à Bosso, la ville nigérienne. L’envoi de ce corps expéditionnaire fait suite à la visite éclair du Président nigérien Mahamadou Issouffou à N’Djaména le 07 juin dernier pour demander le soutien du Tchad face à la menace de la secte contre la ville de Bosso. Le péril était là,  la mort  de 26 militaires nigériens  et de nombreux blessés a choqué Issoufou qui a promis de venger la mémoire des victimes dans l’espoir d’avoir le soutien de Idriss Déby.

 

La guerre au Mali qui a coûté au Tchad des hommes,  du matériel et de l’argent qui n’a pas été entièrement remboursé ne semble pas avoir servi de leçon. Le Tchad a été payé en monnaie de singe surtout par le Mali qui a présenté un candidat contre le Tchad à la présidence de la Banque Africaine de développement. L’affront a été reparé en partie par la désignation de notre compatriote, Mahamat Saleh Annadif comme patron de la mission onusienne au Mali.Mais que dire de la situation des familles de soldats tués au front? Et ceux qui ne sont pas rentrés les pieds devant mais qui attendent toujours leurs soldes?

 

En outre, l’entrée en guerre du Tchad contre Boko haram au Nigéria, au Cameroun et au Niger a permis de libérer plusieurs villes telles que Damasak, Gambaru Dikoa. Malheureusement, le Niger et le Nigeria ont demandé à l’armée tchadienne de quitter  les territoires libérés sans vraiment être capables de les sécuriser. Les résultats sont là, têtus : l’armée nigérienne est mise en déroute à Bosso quelques jours après une déconvenue de celle du Nigeria aux portes de Damasak. C’est à notre avis, le prix de l’ingratitude. Car « Les malheureux sont ingrats, cela fait partie de leur malheur », disait  Victor Hugo, dans Tas de pierre.

 

L’empressement dans lequel l’Etat tchadien s’est pris pour envoyer à nouveau l’armée tchadienne à Bosso interpelle surtout en ces temps de crise économique.  Pendant qu’à l’intérieur du pays, l’Etat est incapable d’honorer sa dette intérieure, que le ramadan a démarré sans que tous les fonctionnaires aient perçu leurs salaires, les hôpitaux publics peinent à percevoir leurs subventions  et le ministère de l’enseignement s’endette pour organiser le baccalauréat, les autorités tchadiennes se permettent d’envoyer les soldats pour combattre dans un pays avec le coût que cela induit.

 

Il est certes vital pour le Tchad de combattre Boko Haram. Il est aussi vrai que les différentes expéditions militaires auxquelles nous avons pris part ont grandement contribué au rayonnement du pays à l’international, mais nous devons cesser d’être les sauveurs de voisins pas toujours reconnaissant au prix de notre sang et de nos sous. Cela, l’opinion ne le comprendra pas en ces temps de marasme économique.

 

La Rédaction