Edito

Edito N°091

Edito N°091 1

Le développement passe par l’énergie

« Dans mon quartier, nous recevons plus de 300 volts et les ampoules sont systématiquement grillées ». L’alerte est d’une internaute vivant dans la capitale au sujet des arrivées brusque d’électricité après de longues heures, voire des jours de coupures.

Après quelques années d’embellie, la capitale a renoué depuis trois ans avec les coupures d’électricité qui ont, paradoxalement accompagné la crise financière dans laquelle le pays plongeait. La situation a gagné les provinces dans des proportions parfois inquiétantes. Certains quartiers de Moundou ont totalisé jusqu’à deux mois sans électricité entre avril et mai. Dans d’autres villes de provinces, la situation n’est guère plus agréable. 

La société nationale d’électricité expliquait en son temps ne donner que ce qu’elle avait. Ce qu’elle avait, c’était de l’électricité produite par ses soins, mais aussi ses partenaires. Au fil des ans, ces derniers las de cumuler des impayés ont fini par débrancher leurs installations réduisant les capacités de la Sne à satisfaire la demande de la ville. C’est la principale raison du retour des coupures intempestives qui traduisent le manque de considération de l’opérateur pour ses clients. Que donnerait une comptabilité de ces ampoules, appareils électroménagers, ordinateurs et autres outils de production qui ont été esquintés par un subit retour du courant dans un voltage inhabituel ? Que penseraient des passionnés de football en ce temps de coupe du monde qui se retrouvent dans le noir alors qu’un match vient juste de commencer ? L’insuffisance de l’énergie ne justifie pas ce comportement qui n’a d’autre nom que le mépris. Il suffit de planifier les délestages et les annoncer pour éviter tous ces désagréments. C’est un geste de gouvernance qui démontre à la fois des qualités managériales et un sens du bien commun.

Au japon, le ministre en charge de l’énergie s’est incliné pendant 20 minutes pour s’excuser de 20 minutes de coupures d’électricité. L’Allemagne a franchi il y’a quelques mois le cap de 30 ans sans coupures d’électricité.  Comparaison n’est pas raison nous rétorquera-t-on. Mais le japonais et l’allemand sont des hommes comme les Tchadiens et dans beaucoup de pays africains, au potentiel plus faible que le nôtre, l’électricité n’est plus un problème.  

La Sne, on ne le dira jamais assez est à l’image du Tchad. C’est-à-dire mal gouverné et ce n’est pas la récente nomination de Mbatna Jean-Paul, qui lui aussi a travaillé des années sans donner à Amdjarass le moindre kilowattheure avec les éoliennes payées à grands frais par le trésor public, qui changera grand-chose. Il est simplement le symbole de l’échec d’un régime qui n’a pas su, malgré le niveau d’ensoleillement du pays, faire bouger les statistiques d’accès à l’électricité qui est la base de tout développement. Lorsque dans un pays au potentiel énergétique important et varié comme le nôtre, le gouvernement répète à longueur d’années que « la crise énergétique ne sera bientôt qu’un lointain souvenir » et que dans la réalité, il ne reste à conclure que cet exécutif n’aime pas le développement et qu’il n’y a simplement, rien à attendre de lui.   

La Rédaction