Le secrétaire général du ministère de la Fonction publique, Baba Lagne, a ouvert le 8e congrès ordinaire de l’Union des syndicats du Tchad (Ust) le 15 octobre 2025 à N’Djamena. Ce congrès a pour thème : « Un regard nouveau pour un dialogue social sincère afin de garantir un travail décent pour tous ».
En ouverture, le président de l’Ust, Barka Michel, a rappelé l’histoire de l’organisation. Créée le 16 novembre 1988 à N’Djamena, l’Ust est issue de la fusion de l’Union nationale des travailleurs du Tchad (Unatrat) et de la Confédération des syndicats du Tchad (Cst). Pour lui, l’organisation a pu évoluer en profitant de l’ère démocratique, où les droits universels et les libertés fondamentales, confisqués sous la dictature d’Hissène Habré, sont enfin reconnus aux citoyens. « Parmi ces droits, il faut noter la liberté d’association, les partis politiques, les syndicats, les organisations de la société civile, etc. », a-t-il précisé.
Barka Michel a ensuite souligné l’engagement de l’Ust pour l’amélioration des conditions de vie et la défense des intérêts des travailleurs. Il a notamment rappelé qu’en 2015, l’Ust avait publié un mémorandum dénonçant la mauvaise gouvernance, ce qui avait suscité une réaction très favorable de la population.
Concernant le dialogue avec le gouvernement, Barka Michel a expliqué que le pacte social signé, après d’âpres négociations, n’était qu’une première étape. « L’appliquer est une autre étape, peut-être plus compliquée, étant donné que de nouvelles grèves vont être lancées pour amener le gouvernement à l’application effective des clauses », a-t-il ajouté.
Le président de l’Ust a également dénoncé les disparités dans les relations avec les autorités. Si certains ministres ont entretenu un bon dialogue, d’autres « n’ont pas de considération pour les travailleurs de leur département », allant jusqu’à leur interdire d’organiser des élections de délégués du personnel. Il a aussi fustigé le traitement infligé aux travailleurs en fin de carrière, parfois « jetés dans la rue sans la moindre pension » car l’employeur n’a pas versé les cotisations sociales. Barka Michel Ia qualifié cette situation de « crime », en déplorant que l’inspection du travail renvoie ces cas vers un tribunal qu’il considère comme le « cimetière des contractuels ».
Pour Barka Michel, le 8e congrès est l’occasion de réfléchir à ces problèmes et d’élaborer un nouveau pacte social. Ce dernier devra inclure l’exécution immédiate des clauses non résolues de l’ancien pacte, le remboursement des impacts salariaux des « 16 mesures », et l’harmonisation des indemnités des agents de l’État. Il a aussi évoqué la nécessité de confier la gestion de la couverture santé universelle à un collège impartial et de créer un « corps tripartite pour combattre la corruption, l’insécurité, l’impunité, le détournement de deniers publics, l’injustice, la vie chère, etc. ».
Le secrétaire général du ministère de la Fonction publique, Baba Lagne a pour sa part , insisté sur le fait qu’un dialogue social sincère n’est pas une option, mais une nécessité pour la paix sociale et la promotion du travail décent au Tchad. Il a appelé les partenaires sociaux, en particulier l’Ust, à participer activement à l’élaboration du nouvel instrument social. « Nous avons besoin de vos propositions concrètes et éclairées pour bâtir un cadre qui réponde aux défis actuels et futurs du monde du travail », a-t-il conclu.