Edito

Et on continue toujours tête baissée

Et on continue toujours tête baissée 1

C’était d’abord une rumeur. Qui a fini par vite se confirmer. A l’ouverture de la deuxième session ordinaire de l’assemblée nationale, son président a annoncé qu’une révision technique de la constitution allait avoir lieu.

On apprendra que le but de la manœuvre est de sortir le chef de l’Etat de la situation d’illégalité dans laquelle il nage depuis plus de deux ans. Jusqu’à la modification de la constitution, le fait pour le Maréchal Mahamat Idriss Déby Itno, président de la République et président du parti au pouvoir est une violation de la constitution !

On apprend aussi que les députés dont le mandat est de 5 ans en profiteront pour se donner une année supplémentaire égalant ainsi les sénateurs et les élus locaux. De sources plus alarmistes annoncent la réintroduction de la peine de mort. Quoi qu’il en soit, on attend le rapport de la commission spéciale chargée de l’examen de la proposition de loi constitutionnelle pour y voir plus clair.

Mais en attendant comment comprendre qu’aucun des « éminents juristes » qui entourent le chef de l’Etat n’a pu réaliser que le texte tel que proposé allait poser des problèmes dès son entrée en vigueur ? A moins qu’il ne s’agisse d’un recul pour satisfaire les caprices du prince.
Quoi qu’il en soit, en procédant ainsi, le pouvoir prouve encore une fois qu’il n’a aucun sens de la gouvernance et que tout doit se faire à la hussarde !

En quoi une modification de la constitution est aussi urgente quand le pays est endeuillé par des conflits intercommunautaires causés par des déficits de gouvernance ? Où se trouve l’urgence quand les populations du Tibesti, angoissés par la perspective de vivre le même sort que leurs compatriotes des régions pétrolières sont obligés de choisir l’option de la révolte? Qu’importe ! L’urgence pour les gouvernants c’est satisfaire aux désirs du prince et se contenter des délices du moment sans aucun sens de l’histoire. Avec une telle élite qui n’a aucun sens de l’histoire, on ne peut que foncer tête baissée !

La Rédaction