Depuis le 24 juillet, le Tchad lutte contre une épidémie de choléra qui a causé 63 décès jusqu’à présent. Le ministre de la Santé publique et de la prévention, Dr Abdelmadjid Abderahim a présenté, dans cette interview, les dispositions prises par le gouvernement tchadien pour endiguer la maladie. Il a également rassuré la population en affirmant que « la situation était maîtrisée », soulignant le rôle essentiel de la mobilisation sociale et communautaire.
Monsieur le Ministre, le Tchad en général et la province du Ouaddaï font face à une recrudescence du choléra. On enregistre plus de 60 cas de décès dans cette province, ce qui a motivé votre déplacement. Que peut-on retenir exactement sur cette situation ?
Le 13 juillet 2025, nous avons enregistré un cas de personne souffrant de gastroentérite dans le district de Chokoyan, ce qui a nécessité un prélèvement. Le 24 juillet, nous avons révélé un cas positif de choléra. Jusqu’à aujourd’hui, nous avons enregistré, selon le dernier rapport de situation (SITREP), 938 cas, 797 malades traités, guéris et sortis, et malheureusement 63 décès. Mais la situation est sous contrôle grâce à une mobilisation sociale et communautaire sans précédent, impliquant les autorités administratives, les chefferies traditionnelles et religieuses, y compris les réfugiés de la province, qui sont sortis massivement pour accompagner la population dans la sensibilisation et le respect des mesures d’hygiène appropriées afin d’éviter la propagation de la maladie.
Le gouvernement de la République a également mobilisé, avec ses partenaires techniques et financiers, les moyens humains, matériels et financiers nécessaires pour assurer une meilleure prise en charge de tous les patients atteints par cette maladie. La courbe épidémique est en train de chuter, et grâce à l’appui des partenaires à travers l’ICG, que nous saluons, l’arrivée des vaccins le 29 août permettra de lancer la campagne de vaccination.
Pourquoi est-ce que cette province enregistre autant de cas, Monsieur le Ministre, par rapport aux autres provinces ?
Simplement parce que le Ouaddaï est l’épicentre de la crise du Darfour, et le premier cas a également été enregistré dans le camp de réfugiés soudanais de Dougui. De plus, les difficultés sont liées à l’intense mobilité des réfugiés d’un camp à un autre, y compris les nouveaux réfugiés qui entrent dans cette province et qui constituent un facteur important de propagation de cette maladie.
Quelles sont les dispositions prises par le gouvernement tchadien pour combattre cette maladie ?
Le gouvernement a mobilisé toutes les ressources nécessaires (humaines, logistiques et financières, y compris communautaires) non seulement pour prévenir la maladie à travers les mesures d’hygiène, mais également pour assurer une prise en charge adéquate en termes de kits choléra et WASH, y compris les moyens roulants pour faciliter le transport des malades.
Par ailleurs, comme il s’agit d’une lutte intersectorielle, les ministères de l’eau et de l’action humanitaire, ainsi que les ONG, appuient le gouvernement pour faciliter l’accès à l’eau potable, le traitement de l’eau avec une solution purificatrice, le traitement et la mise à disposition de latrines. De plus, le ministère de la défense a mis à disposition un hélicoptère pour faciliter l’acheminement des intrants dans les zones d’accès difficiles.
En outre, le gouvernement a instauré une réunion quotidienne de coordination des interventions pour mieux harmoniser les actions de lutte contre cette épidémie de choléra, que nous coordonnons personnellement, afin de faciliter l’accès aux soins pour toute la population.