Edito

Edito du 006

La campagne s’achève

Pendant plus de deux semaines, on a eu droit à une effervescence que l’on ne reverra pas avant cinq ans. La parole s’est libérée parfois de façon passionnée pour brocarder tel adversaire, critiquer tel autre ou encore justifier pourquoi il faut une alternance ou non.

Fait nouveau, les réseaux sociaux ont servi d’espace d’expression où la contestation a été plus présente que la présentation et la défense des programmes politiques.

La campagne aura aussi permis aux candidats, le Président sortant beaucoup plus  que les autres, de réaliser que les aspirations du Tchad profond restent importantes si elles n’ont augmentées. C’est ainsi qu’il faut comprendre les mouvements de colère et d’indignation qui ont marqué la période.

C’est ainsi qu’il faut aussi comprendre les mouvements de contestations menées par la société civile et les syndicats dont la finalité est en vérité, une exigence de l’amélioration de la gouvernance dans notre pays. C’est à notre avis, la principale leçon de cette campagne électorale.

Le Président élu, quel qu’il soit, sait déjà qu’il aura fort à faire. Avec un contexte économique en déconfiture, un front social qui est vent debout, le futur Chef de l’Etat gagnera à jouer l’apaisement en passant l’éponge sur les envolées verbales de la campagne. S’indigner comme l’on fait ces compatriotes est aussi une façon de construire. Il faudra au soir du 10 avril mettre le Tchad en priorité et aller de l’avant. Les face à face policiers/ manifestants comme les invectives des militants d’un camp contre l’autre ne devraient être plus que le souvenir d’une compétition électorale qui ressemble à un match de football où malgré les tacles et les fautes, les adversaires s’enlacent à la fin.

Même si le Haut conseil de la communication et les médias publics ont failli à faire respecter le principe de l’équilibre dans le traitement de la campagne électorale, il faut saluer le travail accompli jusque-là par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) sous réserve de certains griefs qui relèvent plus des politiques. 

Malgré les critiques et les accusations, la Ceni a su mener un recensement électoral et produire des cartes qui à notre avis, sont de bonnes factures. Le recensement électoral qui a d’ailleurs, remis en cause les conclusions du recensement général de la population de 2009, a redessiné la vraie carte démographique du Tchad. Les cartes d’électeurs, elles aussi ne sont pas contestées. La polémique concerne plutôt la présence ou non de kits de contrôle lors du retrait des cartes et du scrutin. A ce manque, les partis politiques entendent répondre par un encadrement strict des bureaux de vote. Et, ils n’ont pas l’air d’en faire un simple vœu pieux. Reste à la Céni d’assurer une collecte rapide et fiable des résultats, une proclamation des résultats dans un délai raisonnable et le Tchad sortira grandit de cette épreuve. Vivement ! 

La Rédaction