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L’armée tchadienne : entre la distribution des étoiles et les mises en retraites, la réforme n’est plus la priorité

L’armée tchadienne : entre la distribution des étoiles et les mises en retraites, la réforme n’est plus la priorité 1

Depuis mi-juin, le Président de Transition, Mahamat Idriss Déby, a mis en retraite plusieurs généraux de l’armée nationale tchadienne. Au même moment, plusieurs autres officiers supérieurs de cette armée sont élevés au grade de général.

La réforme de l’armée tchadienne est l’une des recommandations fars des assises du Dialogue national inclusif et souverain (Dnis). « Accélérer le processus de réforme de l’armée, en vue d’en faire à terme une armée véritablement nationale et républicaine; Corriger les dysfonctionnements observés au sein des différentes composantes des Forces de défense et de sécurité (Fds), dans la chaîne de commandement et dans le recrutement des effectifs à opérer dans le respect autant que possible des diversités sociologiques nationales; Corriger les dysfonctionnements observés au sein des différentes composantes des Fds, aussi bien dans la chaine de commandement que dans le recrutement des effectifs qui doit prendre en compte, autant que possible, la diversité nationale; Contenir la pléthore des effectifs et faire respecter le tableau de péréquation des grades en lien avec les effectifs», telles sont les recommandations spécifiques décidées au Dnis.

Huit (8) après, aucune recommandation n’est mise en application et les mauvaises pratiques au sein de cette grande institution se passent comme certains le veulent. A ce jours, beaucoup de Tchadiens ne connaissent l’effectif exact des soldats de l’Armée nationale tchadienne. Entre 40.000 et 65.000 soldats selon les estimations, l’armée tchadienne compte également 600 à 700 généraux. Et on est loin de s’arrêter là. Les grades de généraux sont aujourd’hui distribués comme une récompense de loyauté au régime militaire en place et non comme une récompense d’une prouesse ou d’une mission accomplie.

Après la mise à la retraite de 48 généraux par un décret le 15 juin dernier, un autre décret du 26 juin élève 43 colonels au rang de généraux de Brigade. Tel un remplacement numérique au sein de la toute puissante armée tchadienne, des décrets tombent quasi tous les jours où certains sont élevés aux grades de général et autres sont renvoyés à la retraite pour limites d’âges. Le pire est que certains civils et paramilitaires sont élevés aux grades de généraux. C’est le cas de Idriss Youssouf Boy, le ministre directeur de Cabinet du Président de transition passe du grade de contrôleur général de police à celui de général de division. Il arbore désormais le béret rouge de l’armée.

Pour le cas des civils, Bachar Ali Souleymane, actuel gouverneur du Ouaddaï et Ibrahim Oumar Mahamat, gouverneur du Logone occidental, ont été élevés au grade de contrôleur général de police à titre exceptionnel.

Si la distribution des étoiles fait partie des reformes tant souhaitées par les Tchadiens au sein de cette armée, nous sommes sur «la bonne voie».

Les Forums de 2018 et 2020 et le Dnis n’ont malheureusement pas permis de reformer cette armée «clanique». Vouloir véritablement réformer cette armée risque sans doute, d’emporter ce régime.

Nadjita Namlengar