Santé

Tchad : Défis de la conservation des vaccins dans les centres de santé provinciaux

Tchad : Défis de la conservation des vaccins dans les centres de santé provinciaux 1

Dans le centre de santé urbain de  Guelendeng, localité située à 153 kilomètres de N’Djamena, comme dans de nombreux structures sanitaires provinciales du Tchad, maintenir la chaine de froid pour conserver les vaccins est un véritable problème. Surtout lors des sessions de vaccination avancée qui se font dans les villages reculés.

Il est 6 heures, au centre de santé urbain  de Guelendeng, région du Mayo kebbi Est, le début de la session de vaccination avancée (stratégie qui consiste à créer des sites de vaccination en dehors du centre de santé pour la vaccination des populations résidant dans les villages au-delà de 5km), a pris du retard.  Tchaoussia Djibiaagent vaccinateur, se dépêche de rassembler rapidement les vaccins dans une glacière, avant de les embarquer à l’arrière de son vélo. Il faut presque 1heure de pistes pour atteindre Boudanassa Sara, le village cible du jour situé à plus de 15 km de Guelendeng.

Arrivé au village, sous le manguier qui sert de point de vaccination la place est vide. « C’est ce que je craignais, nous avons signalé notre venu depuis hier, mais si tu n’arrives pas tôt, la plupart des mamans partent aux champs, et tu risques de perdre ta journée », informe l’agent vaccinateur en étendant une natte sur le sol.

Trente minutes plus tard, une à une, des femmes accompagnées d’un ou plusieurs enfants, commencent à arriver. La natte installée sous le manguier, est bientôt pleine. Les glacières sont ouvertes et la session de vaccination peut commencer. Mais au préalable pour se rassurer, l’agent vaccinateur, tâte du doigt la glace mise au-dessus des vaccins, pour vérifier son état. « Maintenir la chaine de froid des vaccins est notre principal problème.  Il fait déjà 38 degrés et les vaccins ne supportent pas la chaleur. Nous avons un panneau solaire, mais notre réfrigérateur, la partie congélation est en panne depuis 2016. Nous avons eu des promesses de l’Etat pour sa réparation, sans grand succès », raconte Djopsia Saleh le responsable de centre de santé urbain de Guelendeng

D’après le responsable, c’est surtout, quand une campagne de masse est programmée que le problème de conservation de vaccin se pose vraiment. « Pour certains vaccins, comme par exemple celui de poliomyélite, il faut qu’il soit congelé. Nous sommes obligés d’aller louer dans les entreprises de congélation de glace en ville. La veille de chaque session de vaccination. Nous  leurs donnons des extracteurs à congeler et les récupérons très tôt le matin pour leurs disposer aux agents vaccinateurs qui seront sur le terrain », explique-t-il.

Pour les  36 villages, que son centre de santé couvre,  Djopsia Saleh,  dit ne pas arriver parfois à effectuer les 2 sessions de vaccination avancée programmée par mois, faute  d’une bonne stratégie de conservation de vaccin.  « Les sorties ne se passent pas toujours comme prévues.  À chaque session, nous avons plus d’une dizaine de  villages à couvrir, mais parfois nous n’arrivons pas à faire tous ces  villages. La plupart de ces  villages, sont très éloigné les uns des autres et bien que nous mettons de la glace dans les glacières pour maintenir les vaccins a la température requise, elle ne le maintien pas indéfiniment. Il fait chaud, et à 2 villages parcourus les glaces fondent déjà. Les  vaccins sont alors exposés et peuvent perdre leur efficacité. », Explique le responsable du centre avant d’ajouter, «dans pareil cas, il faut renouveler la glace de la glacière. Mais comme, nous ne pouvons pas trouver de la glace sur place,  nous n’avons pas d’autre choix que d’interrompre les séances et de ramener les vaccins au centre, pour les remettre au réfrigérateur et attendre de programmer une nouvelle session ».

Au centre de santé de Ba Illi, à environ 270 km de Ndjamena, les défis sont les mêmes pour le   responsable du centre. « Nous avons un panneau solaire, mais un réfrigérateur hors d’usage», fait-il savoir.  A chaque session de vaccination programmée, celui-ci, doit se rendre en moto,  à l’hôpital provincial de Guelendeng, pour s’approvisionner en vaccins. « Comme nous ne pouvons pas conserver  les vaccins ici, nous les stockons, à l’hôpital provincial de Guelendeng qui a un frigidaire. Le jour J de la session de vaccination, je viens très tôt le matin récupérer  les vaccins, et je rejoins  directement les agents vaccinateurs qui m’attendent dans les villages retenus et nous commençons  les séances de vaccination. Une fois fini, nous ramenons le reste des vaccins  à l’hôpital pour les  conserver », renseigne-t-il.

La province du Mayo Kebbi Est, comme la grande partie des provinces du pays, est frappé par une épidémie de rougeole depuis près d’un an. Si les campagnes de vaccination sont régulières, la couverture vaccinale reste faible. Selon la dernière enquête nationale 2017, seul un enfant sur cinq était complètement vacciné au Tchad.

Au village Boudanassa Sara, la session de vaccination est terminé, Tchaoussia Djibia referme sa glacière et se dépêche d’enfourcher son vélo pour  rejoindre le village voisin Kakale Mberi pour continuer ses sessions. « Les journées, sont longue ici », clame-t-il.

               Kedaï Edith