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« Le risque de choléra est grand », Dr Didi Ali Sougoudi

« Le risque de choléra est grand », Dr Didi Ali Sougoudi 1

La montée des eaux des fleuves Chari et Logone a provoqué des inondations inédites dans plusieurs arrondissements de N’Djaména. Les sinistrées, surtout les enfants, courent le risque des maladies hydriques estime l’ancien secrétaire d’État à la santé et à la solidarité nationale, Dr Djiddi Ali Sougoudi.

Plusieurs quartiers de N’Djaména sont dans l’eau. Dites-nous quels sont les risques sanitaires que courent les populations touchées par ces eaux ?

Dr Djiddi Ali Sougoudi : Les risques sanitaires encourus sont des maladies bactériennes à savoir le choléra, les typhoïdes et autres salmonelloses, la diarrhée, la gale, la dysenterie amibienne, le paludisme par prolifération des moustiques qui se reproduisent dans l’eau et bien d’autres parasitoses et maladies virales dont les hépatites A et E, etc…

Le risque de choléra est grand surtout que l’inondation fait remonter les matières fécales humaines et animales des toilettes. Le risque est lié au fait que les excréments sont en contact avec les eaux et les crudités (légumes, salades) impropres. Le risque est si grand que le cholera sévit au Cameroun voisin ces dernières années.

Quels sont les moyens de prévention de ces éventuelles maladies ?

Il faut éviter toute consommation de l’eau impropre. Au besoin, chauffer l’eau avant de boire et utiliser aussi des détergents pour nettoyer les lieux souillés. Il faut aussi éviter le contact avec les eaux souillées, y compris contre la peau pour éviter les dermatoses cutanées comme la gale et autres parasites cutanés.

Que doivent faire les autorités pour une réponse appropriée s’il y a une résurgence des cas de choléra ?

La riposte contre le choléra est très bien codifiée et les autorités sanitaires sont préparées. Au besoin, des centres de prise en charge peuvent rapidement se mettre au service des patients. Des kits anti-choléra sont toujours préparés à chaque saison des pluies pour toute éventualité. Une campagne de sensibilisation doit être mise en œuvre pour avertir la population qui connait assez déjà les signes et les voies de contamination du vibrion cholérique.

Quels conseils donneriez-vous aux habitants des zones inondées pour se protéger ?

Je demande à la population d’observer une hygiène alimentaire et corporelle rigoureuse. C’est la base de toute éviction des maladies dont la plus redoutable est le choléra. Il faut se protéger contre les moustiques en utilisant les moustiquaires imprégnées et mettre à disposition des sources d’eau propres pour la consommation. Pour tout symptôme ou signes de maladies, il faut se rendre dans une structure sanitaire. La lutte contre le péril fécal doit être permanent et ne jamais faire des selles en plein air. C’est vrai : les enfants, les personnes âgées et les personnes déjà vulnérables par une maladie sous-jacente sont à surveiller en cette période de précarité par les inondations monstrueuses que nous vivons actuellement.

      Nadjita Namlengar