Politique

Des propositions pour légitimer le Dnis

Des propositions pour légitimer le Dnis 1

Trois organisations de défense de droit de l’homme ont dénoncé un dialogue biaisé et demandé au président du Conseil militaire de transition de faire amende honorable en se retirant à l’issue des 18 mois de transition.

A quelques jours de la clôture des assises du Dialogue national inclusif et souverain, trois organisations de défense des droits de l’homme fustigent ces assises, et dénoncent des conflits sociaux tous azimuts, la vacance de la justice et l’incapacité du Conseil militaire de transition à assurer la sécurité de la population, la raison de sa mise en place.

Pour la présidente de l’Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l’Homme (Atpdh) Ildjira Lokiam, cette grenade messe sensée jeté les jalons d’une paix durable et d’un renouveau du Tchad s’est révélée être une opportunité ratée, confirmant d’après elle les appréhensions de ceux qui redoutent de la sincérité des autorités de la transition. « Le système a maintenu la quasi-totalité des dignitaires du système en place avec le même mode opératoire qui, depuis 32 ans bientôt, a entrainé le Tchad au fonds du gouffre. Un système de gouvernance basé sur le népotisme, le clanisme, le mensonge, la corruption, l’achat des consciences, la manipulation, le vol se pratique sous toutes les coutures, grossièrement, méchamment pour anéantir un peuple maintenu dans la misère », dénonce-t-elle.

Pour la presidente de l’Atpdh, ce sont ces mêmes « principes diaboliques » qui ont été conçus par le conseil militaire de transition, le Mouvement patriotique du salut et perpétué par le comité d’organisation du dialogue national depuis la préparation jusqu’à la tenue du Dialogue national inclusif et souverain. « La conclusion du comité chargé de réfléchir sur la forme de l’Etat et l’éligibilité du Conseil militaire de transition vient de renouveler sans gêne le mandat du Cmt pour au moins 24 mois et de retenir la forme unitaire de l’Etat, propose la dissolution du Cmt en maintenant à la présidence Mahamat Idriss Deby le fils du feu président. Ceci montre l’agenda caché de la junte », précise-t-elle.

Dans sa forme actuelle, le dialogue national inclusif et souverain ne dispose selon la présidente du Centre juridique d’intérêt public (Pilc) d’aucune forme de légitimité. « Ce qui fait que les résolutions qui seront prises ne peuvent s’imposer au peuple », précise Me Delphine Djiraïbé. Pour donner au dialogue qui tend vers la fin la légitimité, la présidente du Pilc demande au président du Conseil militaire de transition de faire amende honorable en déclarant : « qu’à la fin des 18 mois de transition, le pouvoir va être remis à un groupe de technocrates compétents dont le mandat sera essentiellement l’organisation des élections crédibles dans un délai de 12 mois ». Ce groupe de technocrates insiste-t-elle fera office de gouvernement et élira un(e) président(e) et un(e) vice président(e), ou une vice présidente. Le président ajoute Me Delphine Djiraïbé prendra des décrets pour instituer une Commission électorale nationale indépendante (Ceni), « réellement indépendante ou les partis politiques et les candidats indépendants y siègeront en tant qu’observateurs ».

Ces organisations suggèrent que le recrutement des membres de la Ceni soit fait par appel à candidature. « Le profil et le cahier des charges de chaque membre de la Ceni étant bien défini », ajoute l’avocate. Le président de ce groupe de technocrates va créer une commission de relecture du code électoral afin de proposer á l’organe législatif les réformes nécessaires pour adoption et instituer une commission de recensement de la population et pour la revue du fichier électoral, dissoudre le Conseil national de transition et mettre en place un organe législatif transitoire constitué de 4 délégués par province à parité égal homme/femme et rétablir la constitution de 1996 comme l’ordre constitutionnel en vigueur au Tchad entre autres.

La question de la forme de l’État et du bilinguisme doit être soumise au referendum et introduite dans la constitution de 1996 sous forme d’amendement avant les élections. « Les partis politiques de l’opposition observent une trêve et s’attellent à préparer les élections. Les syndicats acceptent d’observer une trêve afin de donner une chance au règlement durable de la crise tchadienne. Les organisations des droits humains doivent intensifier des activités de contrôle citoyen, de sensibilisation, de formation mais aussi de dénonciation afin d’éviter tout dérapage pendant la période de 12 mois. Les prêtres, les pasteurs et les imams doivent jouer pleinement leur rôle de gardien de la morale chrétienne et musulmane, être porteurs de valeur de justice d’égalité et d’équité et d’être toujours proches de la population », proposent ces organisations.

Stanyslas Asnan