Edito

Du Déby sans Idriss

Du Déby sans Idriss 1

Les chats ne font des souris. Cela est bien vrai et se confirme au jour le jour alors que la transition s’achemine vers la fin de son premier bail. En quinze mois de gouvernance, le Pcmt (Président du conseil militaire de transition) a montré que depuis le 20 avril 2021, le même système continue à gérer le pays malgré la disparition de son géniteur.

Qu’il s’agisse des nominations ou des décisions face aux différentes situations que le pays a traversées, les tenants du pouvoir ont réagi comme si rien n’avait changé… Le pillage à visage découvert qui s’était accentué à la fin du règne du Maréchal s’est poursuivi de plus belle au point où l’unité de mesure de l’opulence n’est plus le milliard mais les jets privés… La paix sociale n’a pas été aussi menacé à cause des massacres entre populations, à cause des conflits dont la cause n’est rien d’autre que l’incompétence d’une administration truffée d’analphabètes.

Au lieu d’entendre les nombreuses voix qui croient que la mort d’Idriss Déby est une chance pour remettre le Tchad sur les rails, Mahamat Idriss Déby Itno a remis au gout du jour, les mêmes recettes que son père. Manœuvrer, ruser, contourner sans rien trancher ; allant jusqu’à invoquer, ô sacrilège, le ciel contre les voleurs. Mais en attendant, pas de justice, aucun acte de redressement puisque le désordre est en vérité le fondement de son système…

C’est dans la même veine que s’inscrit la tactique adoptée depuis le 13 mars à l’ouverture du pré-dialogue des politico-militaires. Au lieu d’attaquer de front les conditions de la participation des politico-militaires au dialogue national inclusif, le pouvoir a préféré ruser, usant un coup de la carotte, un autre du bâton pour finir par rendre l’air irrespirable dans les couloirs de l’hôtel Rotana à Doha. Résultat : scission au sein des délégations rebelles. Un premier groupe qui décide de signer les accords quelles que soient les conditions, un autre qui suspend sa participation aux discussions et un médiateur dont les réelles intentions sont difficilement lisibles…
C’est dans ce contexte que le gouvernement décide de convoquer pour le 20 août prochain le dialogue national inclusif sans attendre les conclusions de Doha et surtout sans répondre à son opposition interne qui demandent que soient revues les conditions de participation. Face à l’opposition aussi, la même tactique du diviser pour mieux régner sera appliquée. Une partie s’accrochera peut-être au train du dialogue mais pour quel résultat ?

Le pouvoir a donc pris l’option de l’unilatéralisme avec le risque qui l’accompagne. Les temps ont bien changé, l’environnement politique international aussi. Chercher à pérenniser les pratiques du système Idriss, c’est courir le risque de rater le train de l’histoire.

La Rédaction